Autour de la drogue
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AMERICAN GANGSTER

Ridley Scott (USA 2007 - distributeur : Upi)

Denzel Washington, Russell Crowe

152 min.
14 novembre 2007
AMERICAN GANGSTER

Ma petite entreprise connaît pas la crise… et pour cause. Quand on a l’idée de se servir des cercueils des soldats morts durant la guerre du Vietnam pour y transporter, au nez et à la barbe des douaniers, de l’héroïne du jus le plus pur, c’est sans problème - surtout de conscience - qu’on peut revendiquer de gagner tous les mois 1 million de dollars.

Véritable manuel du comment devenir riche en peu de temps, l’american dream par excellence, la dernière réalisation de Scott est aussi un répertoire efficacement usiné de séquences qui fait penser au meilleur des films de malfrats du dernier tiers du XXème siècle.

Sans avoir la force et le style des films auxquels il fait ouvertement référence (*), « American… » se défend avec aplomb.

L’aplomb que donne le sens d’une mise en scène accrocheuse et le knack à dénicher une histoire punchy. En l’occurrence celle, vraie, de l’irrésistible ascension d’un jeune noir qui, arrivé à 16 ans de sa Caroline du Nord comme chauffeur d’un caïd d’Harlem, devient à la mort de celui-ci le Roi incontesté d’un New York qu’il inonde de « Blue magic ». Came de qualité supérieure vendue à un prix cassé qui souligne sa détermination d’ homme d’affaires qui a parfaitement intégré une des règles-phares de l’ultralibéralisme économique : le dumping.

Face à Frank Lucas, interprété avec un charisme et une élégance qui font froid dans le dos par Denzel Washington, Richie Roberts un flic intègre incarné avec une fausse désinvolture et une vraie rigueur professionnelle par un Russel Crowe très convaincant.

Si l’on peut regretter qu’ « American… » cède un peu trop souvent à la mode actuelle de la « réel-isation jouissive » de la violence c’est-à-dire en abordant celle-ci avec une expressivité proche du gore (les exécutions sommaires en pleine rue), il faut lui reconnaître une audace.

Celle de pointer l’incrédulité des autorités policières à concevoir qu’un black puisse, par son intelligence et sa connaissance innée pour lui pas de diplôme décerné par une fastueuse université de l’Ivy League - des lois capitalistes, bouleverser le monde conservateur des maffieux Wasp.

« American… » est bien sûr un gangster movie, mais il est aussi une façon de suggérer - en faisant choix de ne pas s’y attarder afin de lui garder ses potentialités de film destiné à divertir plus qu’à interroger - que Police et Délinquance peuvent être de redoutables alliés. (m.c.a) 

 
(*) « Shaft » de Gordon Parks, « Serpico » de Sidney Lumet, « The Godfather » et « Apocalypse now » de Coppola, « French connection » de Friedkin, « Scarface » et « The untouchables » de Brian De Palma, « Heat » de Michael Mann ….