Drame familial
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THE KING

James Marsh (USA 2005 - distributeur : Paradiso Filmed Entertaiment)

Gael Garcia Bernal, William Hurt, Laura Elena Harring

105 min.
12 août 2006
THE KING

L’histoire de « The King », dès la première scène dans laquelle Elvis (qui n’est pas Presley), sur le point de quitter la Navy, range méthodiquement son arme dans une valise, vous empoigne et comme un lacet qui se resserre lentement vous tient en haleine jusqu’à la fin du film.

Qui est Elvis ? Un garçon paumé ? Un psychopathe qui s’ignore ? Un pervers qui planifie une vengeance à l’égard d’un père qu’il ne connaît pas et qui semble magnifiquement à l’aise dans son rôle de guide spirituel d’une petite ville texane hyper religieuse (la bien nommée Corpus Christi).

Dans quel but Elvis part-il à sa recherche ? S’en faire reconnaître comme fils, fruit d’une relation ancienne avec une prostituée mexicaine ? S’en faire exclusivement aimer n’hésitant pas, dans cette irrationnelle quête à liquider ses rivaux en affection : demi-frère, demi sœur et belle-mère ?

Si « The king » intrigue et fascine par son discours dense et ambigu c’est aussi parce que ce père (un William Hurt que l’on est heureux de voir incarner, après des années d’imméritée jachère créatrice, un personnage à la hauteur de son talent) est un pasteur intégriste dont la dogmatique idéologie est de celle que Lars Von Trier dans « Dogville » considère comme un obstacle rédhibitoire à une Amérique libre et vivifiante.

Les références cinématographiques se bousculent tout au long du dépliement de ce film qui porte une regard implacablement lucide sur les liens existant entre puritanisme et folie, entre les secrets de famille et les tragédies que leurs révélations suscitent.

Et de se rappeler la contention malsaine de « La nuit du chasseur » de Charles Laughton , la torpeur potentiellement dangereuse des cités qui constituent la Bible Belt (la ceinture biblique) du Sud des USA, l’étrangeté exterminatrice de celui qui, dans « Théorème » de Pasolini, pointe les excès de l’alliance entre le catholicisme et le conservatisme.

Impossible de ne pas terminer sur Gael Garcia Bernal, qui une fois de plus surprend par la profondeur nuancée de son jeu, la compréhension intériorisée qu’il a de son personnage.
Il est un acteur passionnant qui mêle virulence et charisme avec ce naturel qui, parce qu’il semble aller de soi, en fait l’héritier naturel de Marlon Brando avec lequel il partage, entre autres, l’art de porter le tee-shirt blanc. (m.c.a)