Science fiction
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SUNSHINE

Danny Boyle (Grande-Bretagne 2006 - distributeur : 20th Century Fox)

Michelle Yeoh, Cillian Murphy, Chris Evans

101 min.
11 avril 2007
SUNSHINE

Voilà un film dont la fin rassurera Woody Allen, lui qui dans « Manhattan » rappelle, qu’enfant, il était atterré à l’idée que le soleil mourrait un jour.

En 2057, une mission spatiale est envoyée dans l’espace pour ranimer un astre moribond. Elle devra, selon la bonne vieille méthode de l’électrochoc, planter une charge nucléaire au centre de l’étoile afin de lui redonner cet éclat lumineux indispensable à la vie sur terre.

Ceux qui aiment l’inventivité des histoires de science-fiction seront déçus par « Sunshine » qui aligne plus de conventions que de péripéties inédites, mais ceux qui ont l’esprit heuristique seront intéressés par la proposition qui leur est lancée par le cinéaste de partir à la chasse des références cinématographiques.

Des souvenirs jaillissent très vite (« 2001 », « Alien » « Solaris »), d’autres sont plus lents à émerger (« Event horizon » de Paul W.H. Anderson, "Silent running" de Douglas Trumbull), d’autres encore surgissent au hasard du léger ennui qui s’insinue, à la vision, entre deux effets spéciaux. Il y a quelque chose de la peau de chagrin des « 10 petits nègres » dans l’attente de savoir qui, des huit membres de l’équipage, sera le prochain à disparaître.

« Sunshine » renoue avec l’essence primaire du cinéma : produire des images. Est-ce la raison pour laquelle le physicien de service (un Cillian Murphy à la prestation bien pâlotte à côté de sa composition ambitieuse dans « Breakfast on Pluto ») s’appelle Frank Capa, comme ce génial photographe de guerre, élevé au rang de mythe avec ses images de la guerre d’Espagne, avant
de sauter sur une mine en Indochine en 1954 ?

Sur le plan de la forme, « Sunshine » est visuellement convaincant, souvent infographiquement brillant et chatonné dans un cadrage précis qui nourrit intelligemment la sensation d’enfermement des héros dans l’espace circulaire de leur vaisseau.
Sur le plan du fond, il pèche inutilement par une glose à l’eau-de-rose sur la nécessité du sacrifice de quelques uns pour la survie de tous.

Moins le récit d’une apocalypse annoncée (comme dans « 28 jours après ») qu’un défi lancé à un « rescue team » de s’approcher au plus près d’une cible au risque de s’y brûler les ailes - raison pour laquelle sans doute les membres de l’équipage voyagent dans un engin baptisé « Icare » -, « Sunshine » est le fruit d’un travail d’équipe entre un scénariste (Garland), un cinéaste, un producteur

MacDonald (*

, et un consultant scientifique Brian Cox, tous les quatre européens.

Etrange dès lors que les personnages de « Sunshine » soient en majorité asiatiques et américains, représentant un nouvel ordre mondial laissant en rade la nationalité de ceux qui l’ont imaginé.

Et si c’était cela l’innovation de Boyle : anticiper un futur là où on ne s’y attend pas. Comme
de craindre un refroidissement de la planète alors que la tendance contemporaine est d’en redouter le réchauffement… (m.c.a)

(*) Il est le petit-fils d’Emeric Pressburger, à qui l’on doit lorsqu’il formait duo avec Michael Powell, les films d’anthologie que sont « Red shoes » ou « Colonel Blimp ».