Ecran témoin
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AN UNCONVENIENT TRUTH

David Guggenheim (USA 2006 - distributeur : UIP)

Al Gore (avec en VF la voix de Charles Berling)

98 min.
11 octobre 2006
AN UNCONVENIENT TRUTH

Al Gore a choisi de ne plus se « taire » sur la planète « terre ». Dans le film de David Guggenheim il est le porte-parole d’un message qui se veut à la fois constat et sonnette d’alarme.

Traité de « Mister Ozone Man » par le puissant lobby américain qui s’oppose à la ratification du traité de Kyoto, Al Gore a entrepris de convertir les citoyens du monde à l’idée que si aucune mesure n’est envisagée pour diminuer le réchauffement de la planète, les pires mises en garde cataclysmiques se concrétiseront.

Cette croisade, il ne va pas la mener sur le mode humoristique et intelligemment badin des scénaristes de « Ice Age II », emphatique du récit biblique, Noë et le Déluge ou science fictionnel de Kim Stanley Robinson dans « Les quarante signes de la pluie ».
Il va choisir de convaincre avec méthode et application, prenant appui sur un mélange - un poil rasant - d’esprit cartésien, de rigueur protestante et de préceptes moraux.

Depuis le magistral essai de Le Roy Ladurie paru en 1967, l’incidence du temps météorologique sur l’histoire de l’humanité n’est plus à démontrer. Ce qui pose problème et ce qui met bien en exergue « An inconvenient truth » c’est la croissance exponentielle du dérèglement climatique essentiellement due aux façons de produire et de vivre des pays occidentaux et émergents. Des forces en présence : é c ologie ou é g ologie qui l’emportera ?

Peu de solutions sont proposées - c’est toujours là que le bât blesse avec Gore : un déficit de pugnacité sur le terrain qui l’a incontestablement freiné dans un combat plus acharné contre son adversaire de droite lors du recomptage des voix ayant mené aux résultats définitifs de l’élection présidentielle d’octobre 2000 - mais un état des lieux solidement illustré par un mélange d’informations infographiées, d’images chocs et de statistiques alarmantes.

La démonstration est à l’américaine c’est-à-dire efficace et sentimentale. Pour justifier son déclic à la cause écologique, Gore n’hésite pas à évoquer les drames personnels et intimes qui ont émaillé sa vie de père et de frère. Il connaît le public et il sait comment capter son attention.
Se référer à des drames privés, comme tremplin de drames futurs, est une règle que se doit de connaître et de manipuler tout bon communicateur.

Après un démarrage un peu frileux (le comble …) aux USA, le film connaît un certain succès puisqu’il semble avoir déjà engrangé 24 millions de dollars dont une infime partie (5%) sera reversée à une association pour la protection du climat.

Sera-t-il bien accueilli en Europe culturellement plus méfiante vis-à-vis des documentaires qui flirtent avec les marges étroites qui séparent le militantisme pur et dur du promotionnel pour une cause ou un individu ?

Souvenons-nous de la polémique qui a fait rage autour du « Le cauchemar de Darwin » de Hubert Slauper ce fougueux altermondialiste qui, selon certains, n’aurait pas hésité à manipuler ses images par souci d’en accroître l’impact exemplatif.

Alors « An inconvenient truth » info ou intox ? (m.c.a)

Le site officiel : www.climatecrisis.net