Fantastique
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Coup de coeurTHE SCIENCE OF SLEEP

Michel Gondry (France/GB 2006 - distributeur : Cinéart)

Gael Garcia Bernal, Charlotte Gainsbourg, Alain Chabat, Emma de Caunes, Miou-Miou

105 min.
4 octobre 2006
THE SCIENCE OF SLEEP

Il y a des films qui d’emblée séduisent, parce qu’ils correspondent à ce que vous attendez lorsque vous allez au cinéma : retrouver un regard d’enfant émerveillé et généreux.

Si Gondry devait être comparé à quelqu’un, il pourrait l’être à Jean-Paul Gaultier, à son art des mélanges improbables, saugrenus d’où jaillissent des émotions visuellement belles et magiques.

Stéphane (un irrésistible Bernal) quitte Mexico à la mort de son père. Il revient à Paris vivre dans l’appartement de son enfance. Sa mère lui déniche un travail de maquettiste dans une fabrique de calendriers(*).
Parce qu’il s’y ennuie, il va trouver refuge dans un monde qu’il invente au fur et à mesure de ses rêves. Son cerveau, transformé en studio de télévision équipé de deux fenêtres donnant sur la réalité extérieure, est un volcan en ébullition, régressif parfois mais toujours vecteur d’une imagination qu’il donnera à voir sous forme de saynètes loufoques ou d’objets étranges faits en carton pâte comme les décors des films du déjanté Ed Wood.

C’est un inventeur poétique Stéphane. Un peu comme l’était Magritte, qui parallèlement à son travail monotone dans une fabrique de papiers peints, s’est mis à peindre un monde dominé par le décalage par rapport au réel.

La démarche de Gondry est avant tout artistique et pourtant elle contient dans son titre une velléité scientifique (**). Est-ce sa façon de se positionner contre la psychanalyse qui veut trop analyser et de prendre distance avec Charles Kaufman, le scénariste de ses deux premiers métrages qui, lestés d’une intention démonstrative, n’avaient pas la grâce hors temps de « The science… » ?

Si la vie ne prend de la valeur que parce qu’elle peut être rêvée - propos récurrent depuis le documentaire « I’ve been 12 for ever » qui se trouve sur la compilation DVD des clips musicaux de Gondry (***) - elle ne vaut la peine d’être vécue que si l’on tombe amoureux.

C’est ce qui arrivera à Stéphane lorsqu’il rencontrera Stéphanie (une bien charmante Charlotte Gainsbourg) qui mettra du temps à reconnaître que c’est à elle et non à sa copine (la délurée Emma de Caunes) qu’il s’intéresse.

« The science... » est un film touchant parce qu’il ne ressemble pas au mainstrean cinématographique de l’époque, parce qu’il rappelle que le 7ème art est un art de la bricole (les nombreuses références aux anciennes techniques d’animation des maîtres russes), parce qu’il adopte un ton gai mais suffisamment imprécis pour que chacun puisse y projeter ses…rêves. Seule restriction : cartésiens purs et durs restez chez vous sauf si vous êtes à la recherche d’une conversion. (m.c.a)

(*) ce qui fut la réalité du cinéaste quand il avait 19/20 ans
(**) pourquoi en français avoir traduit « sleep » par « rêves ? »
(**) réalisés entre autres pour Björk (ce sont les meilleurs), Daft Punk et Massive Attack