Comédie déjantée
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LE PARFUM DE LA DAME EN NOIR

Bruno Podalydès (France 2005 - distributeur : Cinéart)

Sabine Azéma, Zabou Breitman, Denys Podalydès, Michael Lonsdale

115 min.
1er novembre 2005
LE PARFUM DE LA DAME EN NOIR

Si l’élégance et le bien dire sont des qualités hexagonales, alors oui ce « Parfum » est bien un film français même si son atmosphère générale n’exclut pas les passerelles avec le « so british non sense »

Dès la première scène un ton est donné : celui de l’étonnement quasi enfantin projeté par un spectateur du film fasciné par les tours de passe-passe du magicien escroc Larsan (hallucinant
et halluciné Pierre Arditi)

Nous sommes évidemment libres de marcher ou pas - auquel cas le film peut sembler long et ennuyeux - dans cette suite absurde et décalée du « Mystère de la chambre jaune » qui met en scène un Rouletabille dont la perspicacité vient bien à point pour démêler des affaires criminelles que la police est impuissante à éclaircir.

Toujours abonné à la casquette et aux pantalons à pince, le détective cultive un petit côté Tintin flanqué non pas d’un Milou mais de comparses dont les répliques d’anthologie « Mais alors s’il n’est pas mort c’est qu’il est encore vivant » et les airs empreints de distanciée componction rappellent un peu la froide et chic ironie d’un Alec Guiness.

Dans « Le parfum » les frères Podalydès abandonnent, dans un crescendo burlesque, toute vraisemblance (il est bien loin « le bon bout de la raison ») pour introduire un peu de leur folie stylée et hilarante (voir leur « Versailles Rive-Gauche » ou « Dieu seul me voit ») dans une histoire qui s’apparente tantôt à un policier, à un drame romanesque ou à une bouffonnerie.

Il est vrai que parfois l’intrigue peut donner une impression de partir dans tous les sens et pourtant en fin de parcours, les choses s’ordonnent .
Le puzzle prend forme et Rouletabille fera d’une pierre deux coups : résoudre une intrigue complexe et une classique crise oedipienne.

Contrairement aux films ascendants qui ont déjà traités du même sujet, notamment la version de Louis Daquin avec Serge Reggiani, ce « Parfum » a une odeur grisante faite d’humour, de scènes délirantes (la pêche au gourdin, le repas où les convives s’épient derrière des lunettes noires, l’’empaillage du mérou etc…), et de bienveillante tolérance vis-à-vis des dingos qui peuplent le lieu clos du film « le fort Hercule ».

Le cycle « Rouletabille » initié par Leroux comporte 9 romans, espérons que leur version cinématographique ne s’arrête pas à deux scénarios et qu’un troisième (un quatrième etc etc…) continuera à explorer cette veine qui consiste à revitaliser des classiques d’une note insolite, qui au fil des opus, pourrait devenir une « Podalydès Touch ».