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ONDINE

Christian Petzold

Paula Beer, Jacob Matschenz, Franz Rogowski

92 min.
7 octobre 2020
ONDINE

Christian Petzold est l’un des chefs de file de la "nouvelle vague" du cinéma allemand et notamment de ce qu’on a appelé l’"École de Berlin" Dans tous ses derniers films (Transit, Phoenix et Barbara) Petzold prend comme arrière-plan les traumatismes de l’histoire allemande.

Avec Ondine, son neuvième long-métrage, Christian Petzold nous plonge dans la source des mythes et contes germaniques pour raconter, dans le Berlin contemporain, l’histoire d’un amour passionnel, et pur.

Selon la légende, Ondine est une naïade des eaux courantes, rivières, lacs, fontaines et marais (Berlin a été construite sur des marais). Elle ne peut exister que par l’amour d’un homme. En échange de cet amour, Ondine demande à ces hommes de l’aimer à jamais. Si elle est trahie, dit la légende, elle doit tuer l’homme infidèle et retourner dans l’eau.

L’Ondine (Paula Beer) de Petzold lui a été directement inspirée par une nouvelle de la poétesse autrichienne Ingeborg Bachmann, « Ondine s’en va ». Ici la jeune femme est historienne. Spécialiste de l’urbanisme berlinois, elle donne des conférences sur le développement de la ville. Quittée par Johannes (Jacob Matschenz), elle refuse sa destinée et se bat pour casser cette malédiction grâce à l’amour passionnel de Christoph (Franz Rogowski) scaphandrier de son métier.

Si ce film est un conte sur l’amour absolu qui peut faire oublier la dureté du monde moderne, on retrouve cependant les parallèles faits par le cinéaste avec l’histoire allemande et ses traumatismes entre le désir de libération d’Ondine et celui d’une ville, Berlin, marquée par l’histoire : Que garder du passé ? Comment conserver ou effacer dans l’urbanisme d’aujourd’hui des traces des blessures de l’histoire allemande ?

Le film alterne entre scènes très douces, d’autres angoissantes, d’autres poétiques au rythme de la progression de cet amour proche du fantastique : scènes aquatiques (le monde sous-marin du lac, les fontaines, la piscine) et scènes montrant l’architecture sans poésie de Berlin, ville qui devient un acteur à part dans sa quête de reconstruction.

Le jeu merveilleux des deux acteurs, Paula Beer, (l’héroïne de « Frantz » de François Ozon), la beauté des images, la musique de Bach font d’« Ondine » un film envoutant.

France Soubeyran