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ONCE UPON A TIME... IN HOLLYWOOD

Quentin Tarantino

Margot Robbie, Leonardo Di Caprio, Brad Pitt...

165 min.
14 août 2019
ONCE UPON A TIME... IN HOLLYWOOD

Il était une fois Rick Dalton et Cliff Booth. Rick Dalton était un acteur à Hollywood. Et Cliff Booth était son cascadeur, mais aussi son chauffeur, son homme à tout faire, et son ami. Rick et Cliff vivaient l’âge d’or du Cinéma comme l’âge de la retraite. La leur, en tout cas. Abattu et célibataire, Rick voulu abandonner sa carrière. Mais son ami Cliff était là pour l’encourager. Alors, Rick se reprit en main et surmonta tous les obstacles qui se présentèrent à lui. Il revint plus fort et regagna sa place à Hollywood. Aussi, il rencontra Francesca, une belle italienne. Et ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants.
They lived happily after ever.

Du moins, c’est le film que nous aurions vu si Tarantino ne l’avait pas écrit ni réalisé. Mais Tarantino l’ayant écrit et réalisé, ce n’est pas exactement le film que vous verrez. C’est bien mieux.

A l’image de Inglorious Bastards (2009) ou de The Hateful Eight (2016), Once Upon a Time... in Hollywood se structure de manière discontinue. Le quotidien des personnages est interrompu par des flashbacks, à la fois informatifs et divertissants, à travers l’évocation d’événements. Ce scénario, non linéaire, ne raconte pas une histoire, mais le quotidien de plusieurs personnages, tous aussi caricaturaux et au caractère hostile. Ce sont donc les personnalités des uns et des autres qui engendrent des situations, qui à leur tour en génèrent d’autres. Ces situations deviennent conflictuelles lorsque des personnages, au mode de vie différent, se croisent. Comme dans Pulp Fiction (1994), le lauréat de l’Oscar du meilleur scénario original de 1995 introduit le conflit comme élément déclencheur justifiant l’entrecroisement de protagonistes qui se retrouvent dans une scène finale explosive. Un scénario non linéaire, mais cyclique, puisque les personnages se croisent tout au long du film et sont réunis dans un décor important. Nous reviendrons là-dessus.

Si tout au long du film le spectateur ressent un manque tarantinal, il sera servi par la dernière scène. Violente, absurde, hilarante, surréelle. Autant d’adjectifs pour décrire une scène à la Quentin Tarantino.

Il était une fois... Tarantino

Nul besoin de présenter Tarantino. Mais, ce serait un grand honneur. Ainsi, laissez-moi vous conter.
Il était une fois... un jeune garçon qui rêvait de faire des films à une époque où le cinéma atteignait son âge d’or en surface, tandis que de grands changements s’organisaient en profondeur. Un changement qui fut plus tard qualifié de New Hollywood. Entre nouveaux réalisateurs émergeants, grandes stars, et hippies idéalistes, Hollywood connaissait deux visages : le passé et le présent. Et la césure fut marquée par un événement tragique, l’assassinat de Sharon Tate.
C’est avec ce background que le futur réalisateur de Reservoir Dogs (1992), se forgeait en tant que scénariste. Son style, Ô quel style, se dessinait comme l’antithèse du cinéma hollywoodien pré-1969. Il écrivait en prose, mais n’était nullement poète. Ses histoires étaient décousues et ne se laissaient dominées par un personnage principal, mais plusieurs. Plusieurs caractères, caricaturaux, certes, mais certainement pas manichéens, dotés d’un humour particulier et particulièrement violent.

Tarantino raconte dans ce dernier film le Hollywood de 1969. Et ce à travers à la fois de personnages fictifs, comme Rick Dalton (Leonardo Di Caprio) et Cliff Booth (Brad Pitt), et de personnalités réelles, citons Roman Polanski (Rafał Zawierucha), Sharon Tate (Margot Robbie), et Charles Manson (Damon Herriman).

Il n’était jamais... Charlie

Il était une fois un Méchant, appelé Charlie. Charlie se disait sataniste, et justifiait ses atrocités comme étant le travail du diable. Mais Charlie n’a jamais existé car Rick Dalton et Cliff Booth ont.

Charlie, c’est Charles Manson, un tueur en série qui assassina Sharon Tate, actrice et épouse du réalisateur polonais Roman Polanski. Cet événement marqua la césure entre le Hollywood d’Avant et celui d’Après.

Tarantino décide de changer l’histoire d’Hollywood avec son film, qui a reçu plusieurs nominations, dont une dans la catégorie de la Palme d’Or à Cannes. En utilisant des personnages fictifs, il efface l’existence d’une personne réelle. Et ce faisant, non seulement il l’efface de la mémoire des générations passées et futures, mais il rend hommage à Sharon Tate. Et toute la violence, et l’humour qui en découle, participe à la moquerie de Charlie. C’est Hollywood qui rit de lui et qui prend sa revanche. Tarantino décide de prendre cette revanche dans un décor important : dans le voisinage de Sharon Tate.

Bien que je ne décrirai pas ce film comme étant le meilleur Tarantino, je conseille vivement d’aller le voir à sa sortie ce 14 août. Car il est hilarant, car il change un événement tragique en un happy ending, car Leonardo Di Caprio, car Brad Pitt, car Margot Robbie, car Al Pacino, car Tarantino.

Sat Gevorkian