Biopic
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AT ETERNITY’S GATE

Julian Schnabel

Willem Dafoe, Rupert Friend, Oscar Isaac

111 min.
24 avril 2019
AT ETERNITY'S GATE

Un nouveau film sur Vincent Van Gogh. Oui.
Pas facile d’innover en cedomaine car Van Gogh a déjà inspiré 5 réalisateurs : « Van Gogh »(1948) d’ Alain Resnais, « La Vie passionnée de Vincent Van Gogh » (1956) de Vincente Minnelli et George Cukor, « Vincent et Théo » (1990) de Robert Altman , Rêves(1990) de Akira Kurosawa et Ishirō Honda, Van Gogh(1991)de Maurice Pialat
Un autre point de vue est abordé ici : le réalisateur, Julian Schnabel souligne qu’ « At Eternity’s gate n’est pas un film pour expliquer Van Gogh, mais pour le voir. J’ai tourné dans les lieux mêmes où il a vécu, j’ai marché dans ses pas et je le montre en train de marcher. C’est un film radical. Il ne s’agit pas seulement de regarder Van Gogh, il s’agit d’être à l’intérieur de lui, de ressentir ce qu’il ressent.et partager ses émotions »

Alors le réalisateur nous prend par la main et nous fait vivre avec Vincent (magnifique Willem Dafoe tout en finesse) au cours de sa vie en France : tout d’abord à Paris en 1886, où il rencontre un groupe d’artistes avant-gardistes dont fait partie Paul Gauguin. Incompris et rejeté, il part à Arles, où il rencontre le soleil, la couleur, mais aussi le désespoir, la solitude, le mépris (de sa peinture), et nous vivons sa dépression avec des crises de plus en plus graves.
Le spectateur devient Van Gogh, marche comme lui à travers champs, dans le dénuement complet. C’est un voyage à travers la vision de l’artiste, de l’homme.

Le film est lancé sur Netflix et nommé aux Oscars pour la composition de Willem Dafoe dans le rôle de Van Gogh ;
C’est aussi un film sur l’art, la création « Dans mon film, Van Gogh dit qu’il veut montrer aux gens comment il voit la réalité car il a l’impression que sa vision est plus vraie, plus proche de la vie, et peut aider les gens à se sentir plus vivants. Quand le docteur Gachet lui dit qu’il est en train de se perdre avec ses tableaux qui perdent les gens, il répond : « Je suis mes tableaux ». Je peux dire la même chose : je suis mes tableaux, je suis mes films. Quand je serai mort, c’est ce qu’il restera de moi. Van Gogh a laissé ses tableaux à la porte de l’éternité pour nous les donner à voir. »

La mise en scène est calquée sur ce que vit, voit et sent Vincent ; alors souvent la caméra à l’épaule fait « tanguer » le spectateur. Quelques longueurs dans les dialogues. Mais les images sont belles ainsi que la lumière dans les paysages d’Arles.

Un film passionné, passionnant.

(France Soubeyran)