Déception
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WONDER WHEEL

Woody Allen

Kate Winslet, Juno Temple, James Belushi, Justin Timberlake, ...

101 min.
31 janvier 2018
WONDER WHEEL

Coney Island, les années ’50. Ginny (Kate Winslet) est une ancienne actrice mélancolique à la carrière déchue. Elle travaille en tant que serveuse dans un restaurant de poissons et vit avec son fils né d’une première union, aux côtés de Humpty (Jim Belushi), l’opérateur du carrousel. Ce dernier l’avait d’une certaine manière recueillie alors qu’elle avait tout perdu. Néanmoins, cette vie, loin de toute passion, pousse Ginny dans les bras de Micky (Justin Timberlake), un jeune maitre-nageur qui rêve de devenir dramaturge. Mais cette idylle sera quelque peu chamboulée par l’arrivée de Carolina (Juno Temple), la fille de Humpty qui vient chercher refuge auprès de son père car elle est poursuivie par son ex-mari, un bandit….

Avec Wonder Wheel, Woody Allen signe son 43ème long-métrage. Dans ce film, Woody Allen entrelace et entrecroise la destinée de quatre personnes. Mais, il s’agit en réalité plutôt d’une relation triangulaire, ou encore de deux relations triangulaires, à savoir celle entre Ginny, Mickey et Carolina, et celle entre Ginny, Humpty et Carolina. Kate Winslet est épatante dans son rôle femme abîmée. D’une certaine manière, elle nous fait penser à l’héroïne de Blue Jasmine, Jasmine (Cate Blanchett) et donc aussi, mais surtout à Blanche dans A Streetcar Named Desire d’Elia Kazan (1951). A l’instar de Blanche, Ginny a tout perdu, et même si elle vit dans une réalité bien encrée, elle est empreinte de nostalgie et ne peut s’empêcher par moments de faire un bond dans le passé où elle s’accroche à des rêves obsolètes. La scène la plus marquante étant celle où elle ressort son diadème et sa robe qu’elle avait pu porter à son époque de gloire. Mais l’arrivée de la tierce personne, à savoir Carolina, qui chamboule un équilibre semblant, que ce soit dans la relation de Ginny avec Mickey ou dans sa relation avec Humpty, n’est pas non plus sans rappeler l’arrivée de Blanche qui chamboule l’équilibre entre Stella et Stanley dans A Streetcar Named Desire.

Par ailleurs, il nous faut souligner l’extrême beauté de la photographie de Vittorio Storaro ("Apocalypse Now", "Dernier Tango à Paris", …). Si le récit peut sembler manquer de profondeur et de rythme par moments, la lumière et les couleurs sont quant à elles soignées et léchées de bout en bout et en plus de nous offrir un visuel vraiment éblouissant, participent au film en tant que telles en produisant tout du long un effet de synesthésie.

Bien que la réputation de Woody Allen semble souffrir des histoires problématiques relatives à sa fille d’adoption et bien que son dernier film ne soit pas l’un de ses meilleurs, Wonder Wheel est très beau, plastiquement très réussi, et porté par son héroïne, Kate Winslet, qui, avec l’aide du directeur photo, parvient à nous faire ressentir toute la nostalgie dont elle et le récit, mais aussi le réalisateur sont empreints.

(Astrid De Munter)