Adaptation d’un livre
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HUNGER GAMES MOCKINGJAY (PART 1)

Francis Lawrence

Jennifer Lawrence, Julianne Moore, Josh Hutcherson, Woody Harrelson

125 min.
18 novembre 2014
HUNGER GAMES MOCKINGJAY (PART 1)

D’abord ce fut la dystopie, puis la révolution, et
maintenant la guerre.

Dans ce 3e et avant-dernier
opus de Hunger Games *, l’héroïne Katniss Everdeen se retrouve malgré elle symbole d’une
rébellion qui a pour but de détruire le régime totalitaire de la grande Panem. Plus question de jeux
ou de complots silencieux ici, cette première partie du 3e opus entre dans le
conflit ouvert et se concentre sur l’avant-guerre
_ : sa préparation, et surtout, sa communication. Pas de réel combat dans ce film
dit d’action, mais bien une guerre de propagande à faire rougir Frank Capra et
son légendaire Why We Fight (**).

Hypocrisie du réalisateur ou métalangage ingénieux ? Tandis que le film nous mène dans les
coulisses de l’art de la persuasion et de ses trucages rhétoriques (mise
en scène, héroïsme feint, émotions gratuites, et tout le tralala hollywoodien,
pardon, propagandiste), il utilise exactement les mêmes procédés pour accrocher
le spectateur. Et ça marche ! On sourit, on pleure, mais force est de constater qu’un sentiment de
malaise envahit le spectateur poussé malgré lui aux larmes...

Cette tension, cette réflexion même, que crée la mise en abyme de la propagande permet
de sauver un film qui se voyait maudit d’avance : les scénaristes, abus de
‘franchise’ oblige, avaient la lourde tâche d’adapter en tout un film la seule
partie ennuyeuse de la trilogie écrite, à savoir les premières pages du 3e
opus.

Du reste, que dire ? Du (raisonnablement) positif :
les acteurs sont inégaux, mais les principaux crédibles ; l’ennui n’est (étonnamment)
pas au rendez-vous ; et le film parvient à mieux recréer l’ambiance d’inquiétude du livre original que son
prédécesseur. En effet, le manichéisme s’affaiblissant depuis le second film
converge de plus en plus vers le message de l’auteur, Suzanne Collins : « Il
n’y a pas de gagnants dans une guerre. »

Hunger Games, 3e du nom, ne
sera peut-être pas assez mouvementé pour certains, et clairement trop
grandiloquent pour d’autres, mais il a le mérite de dénoncer sa propre
rhétorique. Il ne reste plus qu’à espérer que c’était volontaire.

(Aurélie Waeterinckx)


(*) Adaptant la première partie du dernier
roman de la trilogie Hunger Games.

(**) Frank Capra est le principal
réalisateur de la série américaine de films de propagande nommée « Why We Fight »
réalisée lors de la Seconde Guerre Mondiale afin de justifier l’effort de guerre des États-Unis.