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BLUE JASMINE

Woody Allen

Cate Blanchett, Alec Baldwin, Sally Hawkins, ...

98 min.
7 août 2013
BLUE JASMINE

Jasmine (Cate Blanchett), de son vrai nom Jeanette, issue d’un milieu modeste, a pu gravir les échelons des classes sociales les plus élevées grâce à son mariage avec Hal (Alec Baldwin), un riche investisseur. Mais, après avoir vu son mariage voler en éclats suite aux scandales initiés par son mari, elle est contrainte de quitter sa superbe demeure à New York et n’a d’autre choix que d’emménager dans le petit appartement modeste de sa sœur Ginger (Sally Hawkins) à San Fransisco, où elle espère se refaire une santé mentale et financière.

Avec Blue Jasmine, Woody Allen abandonne l’Europe pour le continent américain, et la comédie pour le drame. Londres, Barcelone, Paris, ou encore Rome, ces capitales européennes que Woody Allen sut utiliser afin de pimenter ses récits et personnages, sont ici remplacées par New York et San Francisco. Même si Woody Allen rend hommage à ces deux dernières villes au travers de certains très beaux plans, elles n’ont ici d’autre prétention que de contextualiser le récit. Ce récit, c’est celui de la chute de Jasmine, qui était parvenue à atteindre les strates sociales les plus élevées. Mais Blue Jasmine n’est pas uniquement le récit d’une personne singulière. Au travers de ce film, Woody Allen illustre également le fossé qui sépare les plus riches des plus pauvres, fossé omniprésent sur le territoire américain. 

Avec cette fable moderne, Woody Allen revisite de manière assez évidente le chef d’œuvre d’Elia Kazan, A Streetcar Named Desire (1951). Tout comme Blanche (Vivien Leigh) dans Streetcar qui a déchu en perdant son domaine et son honneur, et qui s’accroche aux rêves d’un monde obsolète, Jasmine a elle aussi tout perdu, mais voyage en première classe et persiste à se parer de tailleurs chics et de sacs Louis Vuitton dans un monde dont la réalité semble lui échapper. Sa confrontation avec le compagnon de sa sœur, Chili (Bobby Cannavale), un homme costaud issu de la classe ouvrière, se promenant en marcel moulant, n’est pas non plus sans rappeler celle de Blanche avec Stanley (Marlon Brando) dans le Streetcar d’Elia Kazan. Attirée par ce qui finit par la détruire, Jasmine, à l’instar de Blanche, est condamnée dans un monde dans lequel elle n’a plus sa place.

Cate Blanchett est magnifique (*), Alec Baldwin est parfait, et les autres acteurs sont tout aussi bons… Avec Blue Jasmine, Woody Allen signe son 48ème film et une de ses plus belles réussites des dernières années.

(Astrid De Munter)

(*) Cate Blanchett a interprété récemment au théâtre le rôle de Blanche dans A Streetcar Named Desire, ce qui l’a probablement aidée à incarner de manière si brillante le personnage de Jasmine.