Violence +++
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ONLY GOD FORGIVES

Nicolas Winding Refn

Ryan Gosling, Kristin Scott Thomas, Vithaya Pansringarm,...

90 min.
23 mai 2013
ONLY GOD FORGIVES

Deux ans après Drive (2011), le réalisateur danois Nicolas Winding Refn
nous revient avec un nouvel ovni.

Julian (Ryan Gosling, Drive , 2011) et son frère Billy (Tom Burke) sont
les propriétaires d’un club de boxe thai à Bangkok. Après avoir violé et tué
une jeune prostituée, Billy se fait assassiner par le père de cette dernière
avec l’appui d’un flic influent (Vithaya Pansringarm) aux techniques radicales.
Intervient alors la mère de Julian et de son défunt frère, Crystal (jouée par
une étonnante et non moins excellente Kristin Scott Thomas), qui demande
vengeance.

Le pitch est fort simple, mais le traitement qu’en fait Refn est
des plus intéressants. Si le spectateur peut rester sur sa faim en tentant de
trouver un sens au récit de Only God Forgives , il lui faut s’accrocher à la
qualité de la mise en scène que nous offre le réalisateur danois. Après 90
minutes, Only God Forgives apparaît moins comme un film violent que comme une
réflexion sur la violence elle-même, et le rapport qu’entretiennent les Hommes
avec celle-ci. Non sans rappeler Drive, la violence y est maitrisée et
esthétisée, la rendant plus supportable à regarder. Souvent ralentie, parfois
cachée ou même coupée, elle nous rend témoins d’un monde où les relations entre
les hommes s’organisent par son biais. Les femmes assistent elles pour la
plupart du temps passivement à cette violence. Mais quelque part ce sont elles
qui en sont à l’origine, poussant les hommes à s’entretuer.

Souffrant d’un scénario un peu creux et d’une trame narrative quasi
inexistante, ce sont donc entre autres l’interprétation, le montage, la
musique, et le chromatisme (servi par une très bonne photo) qui portent le
film. On peut particulièrement mentionner l’importance des gammes chromatiques
(bleu, rouge et jaune) en fonction des lieux et actions qui s’y produisent. Aux
travers de ces multiples techniques, Julian se trouve continuellement dans un
entre-deux, oscillant entre la morale à laquelle il aspire et la soumission
envers sa mère lui exigeant de venger son frère.

Ce film nous offre un spectacle d’une beauté subtile, tout en traitant
d’un sujet qui pose problème. Au lieu de tenter d’y retrouver des points de
comparaison avec Drive , le spectateur gagnera à se laisser hypnotiser par la
mise en scène d’un esthétisme évident, et qui place ce dernier opus dans la
lignée de la filmographie de Nicolas Winding Refn.

 

( Astrid De Munter )