Réflexion citoyenne
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ARBITRAGE

Nicholas Jarecki

Richard Gere, Susan Sarandon, Tim Roth, Brit Marling, Laetitia Casta, Nate Parker, etc.

106 min.
27 février 2013
ARBITRAGE

Homme d’affaire très influent de la finance new-yorkaise, Robert Miller incarne la puissance du rêve américain, une puissance de façade car, derrière les apparences, il n’est qu’un homme piégé aussi bien dans sa vie professionnelle que dans sa vie personnelle. L’horloge tourne pour lui : il doit vendre au plus vite son entreprise à une grande banque avant que le voile qu’il a posé sur ses fraudes ne se lève. La liaison qu’il entretient avec une jeune marchande d’art française lui coûtera la chaleur de surface de sa vie familiale exemplaire, qui commencera à se fissurer de toutes parts au dernier faux pas fatal de cet homme perdu. Plongé dans une affaire criminelle et menant une course effrénée pour conclure la transaction qu’il espère, la moralité de cet homme, et celle de ses proches, sera mise à rude épreuve.

Présenté en avant-première au Festival de Sundance 2012, Arbitrage est le premier long métrage de fiction de Nicholas Jarecki, dont le CV reprend un court métrage et un documentaire sur le réalisateur James Toback ( The Outsider , 2005). Ce cinéaste met en scène un thriller relativement classique et très peu modernisé, laissant à ses acteurs le soin de polir une intrigue quelque peu basique dont l’impact dramatique ne parvient pas à décoller.

Le film repose beaucoup sur la sympathie que peut faire naître Richard Gere (qui parvient à communiquer, mieux qu’Al Pacino, dans un premier temps pressenti pour le rôle, un brin d’humanité à un personnage qui, sans sa prestation, paraîtrait seulement froid et coupé de toute émotivité). Nominé à la 70ème édition des Golden Globes en tant que meilleur acteur dans un drame, il fait un retour charismatique (bien que glaçant) à l’écran en y incarnant un homme auquel il est problématique de s’attacher pour des questions éthiques, tant il est noyé par son étroitesse d’esprit et confiné dans l’insolence de son égoïsme. 

Et comme petite sucrerie féminine comme seuls savent en réserver les américains, Susan Sarandon tient un rôle discret mais pourtant central à cette intrigue qui ne tient pas toutes ses promesses mais dont le final tranché et abrupt laisse ressortir au pied d’une société au sein de laquelle, bien trop souvent, les apparences sont tout ce qu’il est donné à voir. Ce conte sur la moralité (ou son absence) pose une question nécessaire : comment se positionner face à ceux qui dirigent le monde vers sa chute pour éviter de constater l’écroulement de leur vie et de son sens ?

 
(Ariane Jauniaux)