DETACHMENT

Dans la banlieue new-yorkaise, un enseignant remplaçant, Henry Barthes, est muté dans un lycée considéré comme "difficile". Ce passage dans cet établissement va bousculer sa manière d’appréhender son métier de manière détachée.

Dans la même veine des films qui explorent la confrontation entre élèves et professeurs tels que Esprits Rebelles (John N. Smith, 1995) et plus récemment Half Nelson (Ryan Fleck, 2007) - film qui retournait la situation en abordant le sujet d’un professeur toxicomane - Detachment plante son décor dans les rapports essentiels qui se nouent entre éducants et apprenants. L’occasion d’explorer le besoin de reconnaissance exacerbé de certains élèves, de même que la souffrance et le manque de repères généralisé.

Dans ce marécage dans lequel s’enfoncent bien des êtres, Henry Barthes va commencer à nouer des liens, à prêter attention, à regarder autour de lui. Ce chemin vers le monde et le fait qu’il accompagne son grand-père mourant et délirant dans les derniers instants de sa vie l’obligeront également à revisiter son histoire personnelle.

Au détour de nombreuses situations authentiques, le propos du réalisateur est d’observer le monde réel : " Les gens pleurent, se mettent en colère, chuchotent, aiment et haïssent. J’essaie simplement d’utiliser un microscope, un télescope et un radar pour explorer les qualités mentales et morales représentatives des individus qui se tiennent devant l’objectif et le micro ", confie-t-il.

Ce film, qui a reçu le prix de la critique internationale et de la révélation Cartier au Festival du film américain de Deauville, aborde l’importance pour les adolescents en construction d’être entourés par des regards attentifs et un environnement bienveillant et le besoin flagrant d’une éducation différente de celle que l’on trouve actuellement dans les écoles.

Une éducation qui se voudrait cadrante, écoutante et sur un modèle alternatif à la compétition et au système récompense-punition, deux pans extrêmement nocifs que l’on rencontre souvent au détour des couloirs de classe. Une éducation très loin de l’indifférence, qui privilégierait le rapport d’être à être et l’accompagnement en conscience et qui mettrait l’accent sur les questions de l’avenir sous un jour non dramatique et constructif. Ce qui éviterait beaucoup d’errance inutile aux jeunes âmes en construction. Un film dur et tendre, à la fois tragique et lumineux.

(Ariane Jauniaux)