Drame
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Francis Ford Coppola (USA 2012)

Elle Fanning, Val Kilmer, Bruce Dern

89 min.
11 avril 2012
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Critique ? Mais non ! Si je critiquais cela voudrait dire que j’en sais plus que les autres - Urs Fischer interrogé (*) sur les valeurs de l’art contemporain avant son exposition au Palazzo Grassi à Venise.

 

D’habitude la question du scrupule ne se pose pas lorsque qu’il s’agit de poser une opinion sur un film décevant - pourquoi se poserait-il puisque si le cinéaste propose le spectateur dispose.

 

Comme il l’entend.

 

Asséner des coups de marteau sur une réalisation estimée cloche est d’ailleurs plutôt jouissif.

 

Revanche sans doute de celui qui ne prend aucun autre risque que celui d’exposer son avis par rapport à celui qui a pris ceux de diriger une équipe, de mener un projet à terme, de répondre aux exigences de rentabilité d’un producteur, de devoir faire face à une critique malveillante et à une désertion du public.

 

Avec « Twixt » la situation est plus délicate.

 

Parce que si le film est rangé par les uns dans la catégorie des divertissements expérimentaux (jouant, comme un gosse qui découvre le cinéma, tantôt de la 3D tantôt de la 2D) et par les autres dans le genre thriller gothiquo-onirique, pour nous il est ... (comment dire ?) défrisant.

 

Un adjectif que l’on n’aime pas employer à propos d’un cinéaste qui nous a enchantés par sa maîtrise de la plus passionnante des trilogies dynastiques, celle des Corleone dans « Godfather », égale par sa profondeur et sa dynamique de récit à la nobélisée « Forsyth Saga » de John Galsworthy.

 

Défrisant parce qu’exagérément labyrinthique.

 

Déroutant par son côté souk dans lequel un écrivain, sorte d’Anne Rice (**) qui aurait perdu le Nord, adrénalisé au mélange alcool/benzodiazépine rencontre des fantômes et des flics divagants,fuit sa femme, arnaque son éditeur.

 

Et surtout crève de douleur et de culpabilité depuis la mort de sa fille.

 

L’écrivain, sur l’écran, c’est un Val Kilmer bouffi à point.

 

Dans la réalité il semblerait qu’il soit un miroir de Coppola qui dans cette réalisation convoque le côté prophétique de sa première œuvre « Démentia » dans laquelle disparaît une jeune fille, rappelle son affection pour un certain cinéma des années 1950 (on pense à « Rebecca »).

 

Ce qui est plus intéressant c’est qu’il nous convainc de la pérénnité des chagrins - cet automne il y aura 26 ans que son fils Gio est mort lors d’un accident de bateau.

 

Si les premières œuvres sont dit-on souvent autobiographiques, les dernières peuvent être cathartiques. (mca)

 

 

(*) Le Point du 12 avril 2012

(**) auteure du cycle « Les sorcières » paru en livre de poche.