Coup de coeur mensuel
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Coup de coeurMONSIEUR LAZHAR

Philippe Falardeau

Fellag, Danielle Proulx, Sophie Nélisse

94 min.
7 mars 2012
MONSIEUR LAZHAR

La plus grande des violences, c’est le silence.

Dans Monsieur Lazhar (*), le silence, c’est d’abord celui de Martine, l’institutrice partie "sans prévenir", qui s’est pendue au plafond de sa salle de classe ; ensuite celui des élèves endeuillés et des autorités scolaires, silence que ne peut pas comprendre le professeur remplaçant, Bachir Lazhar (Fellag), un exilé algérien dont la famille vient de périr dans un incendie criminel.

L’absence est partout présente dans le dernier film du canadien Philippe Farlardeau : l’absence des êtres aimés, et l’absence de discours. Dans la société canadienne actuelle ( et osons extrapoler, la société occidentale), la mort est le plus grand des tabous. Trop obscène, trop violente ? Pour reprendre les mots du protagoniste : " la violence est dans la vie, pas dans le texte ". La tristesse muette ronge, ruine tout sur son passage. Ce qu’on ne dit pas ne disparait pas, au contraire.

La plus grande qualité de Monsieur Lazhar se situe exactement dans cette manière de transmettre, par le cadre dépeuplé rempli de l’absence, le son épuré rempli de silence, une douleur omniprésente et pourtant jamais vraiment nommée ou imposée par la parole.

Philippe Falardeau signe un film sans prétention, servi par des acteurs (enfants compris) d’une justesse remarquable ; une œuvre aussi simple que la vie ou la mort, et pourtant si thématiquement riche ( il traite de deuil, de suicide, mais aussi du système scolaire, de l’exil, ...).

En somme, tout être sensible a sa place dans cette salle de cinéma. Les amateurs du mélodramatique et du pathétique n’y trouveront cependant pas leur compte. Monsieur Lazhar arrachera des larmes d’être humain, pas des larmes de spectateur avide d’émotions fortes.

Aurélie Waeterinckx

(*) Le film fut nominé pour l’Oscar du meilleur film étranger cette année.