Ecran témoin
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J. EDGAR

Clint Eastwood

Leonardo Dicaprio, Naomi Watts, Armie Hammer, Josh Lucas, Judi Dench, Josh Hamilton, ...

137 min.
11 janvier 2012
J. EDGAR

Ce biopic retrace le parcours d’une figure controversée et énigmatique, celle de J. Edgar Hoover, directeur du FBI de 1924 au jour de sa disparition, le 2 mai 1972. A ce jour, cet homme reste celui qui a trôné le plus longtemps à la tête d’une agence fédérale américaine, voyant se succéder à la présidence du pays pas moins de 8 chefs d’état(s).

Il est indéniablement une figure puissante qui représente le maintien de la loi et du secret sur la terre américaine. Pour incarner un tel homme, il fallait la trempe de Leonardo Dicaprio, une fois encore parfait dans sa transformation et dans son exploration de la psyché d’un homme tantôt admiré, tantôt honni à qui il sait confier une part d’humanité.

L’acteur est le quatrième à revêtir les costumes de J.Edgard, après Kevin Dunn ( Chaplin , 1992, Richard Attenboroug), Bob Hoskins ( Nixon , 1995, Oliver Stone) et plus récemment encore, Billy Crudup (Public Enemis , 2009, Michael Mann).

Suivant la vie publique de l’homme, c’est dans la partie privée que le film devient le plus captivant, particulièrement dans les relations qu’entretient J.Edgar avec ceux qui le secondent. Néanmoins, le classicisme maintenu par Clint Eastwood ne permet pas au film d’atteindre les sommets que ce réalisateur est capable de faire miroiter. Pourtant, le cinéaste sait s’entourer à merveille : le film est scénarisé par Dustin Lance Blanc (oscarisé en 2009 pour son travail sur Harvey Milk de Gus Van Sant) et deux morceaux du film sont signés agréablement par Kyle Eastwood qui peu à peu, devient un incontournable allié pour son père.

Néanmoins, ce qui semble intéresser le cinéaste est cet envers du décor, cette plongée au coeur de la vie intime des êtres pour lesquels il se passionne le temps d’un film. Dans ce cas-ci, c’est toute la retenue d’un homme qui choisit de nier l’essence même de son être, une retenue emplie de raison mais ô combien destructrice, qui a titillé le réalisateur. Les liens entre J. Edgar et ses pairs, sa mère en tête, sa fidèle secrétaire sans oublier son second, Clyde Tolson, cachent, au-delà des apparences, une grande profondeur.

Intéressant certes, mais un peu court pour donner une démarcation spéciale à cette oeuvre, le film est raisonnablement bien ficelé, la mention spéciale allant à Leonardo Dicaprio (et à son maquilleur). C’est parce qu’il parvient à éveiller l’intérêt en investiguant toutes les portes qu’Edgar Hoover tient à laisser fermées que l’histoire parvient à ne pas devenir ennuyeuse, risque exacerbé par les fort nombreux retracements historiques manquant un peu de substance. Peut-être ce rôle-ci sera celui qui permettra à l’acteur une reconnaissance publique par l’académie, reconnaissance d’un talent incontestable et croissant. La concurrence étant rude cette année (mentionnons Michael Fassbender), les membres auront peut-être une excuse pour cette cuvée, mais pour cette cuvée seulement.

(Ariane Jauniaux)