Chronique sentimentale
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L’ART D’AIMER

Emmanuel Mouret (France 2011)

Julie Depardieu, Frédérique Bel, Judith Godrèche, Ariane Ascaride, François Cluzet

85 min.
7 décembre 2011
L'ART D'AIMER

L’art d’aimer ou l’art de séduire ?

Il y a quelque chose d’irrésistible(ment snob ?) dans le cinéma d’Emmanuel Mouret, une légèreté qui badine et farandole entre plaisir de parler, fluidité, cocasserie et timide insolence.

C’est par une écriture cinématographique qui cache sa minutie sous une apparente superficialité et sa logique sous un fantaisiste marivaudage que le cinéaste nous emporte, comme sur un tapis volant dont la trame ne serait pas de tissu mais de mots, dans un Monde singulier

Son Monde de personnages qui s’aguichent, se repoussent à l’égal d’aimants qu’un malicieux Dieu (Eros ?) rapprocherait ou éloignerait suivant un caprice aussi aléatoire que continu.

Comme toujours, c’est soutenu par des acteurs bien en verve qu’Emmanuel Mouret tente de cerner le sentiment amoureux dans tous ses déploiements : ludique, coquin, agréable et gourmand.

Comme dans « Fais-moi plaisir » ou "Changement d’adresse", c’est par une suite de scène-ttes contées avec naturel, ruse et humour qu’il explore ce qui semble la grande affaire de son art (et de sa vie ?) le sentiment et l’émoi amoureux.

Il y a quelque chose de la bulle de savon dans « L’art d’aimer » - à la fois le respect de règles précises de narration (indispensables pour éviter que les histoires ne s’emmêlent les pinceaux) et l’impression d’un envol vers des cieux où mêmes les cumulus ont l’air guilleret.

Ils ne courent pas les rues les films dont on sort rafraîchi, éphémérement ravi d’avoir rencontré des hommes et des femmes qui ont envie de vivre leurs désirs, de réfléchir sur la notion de couple, sur ce qui fait que celui-ci est ou n’est pas mélodieux, sur les difficultés à rester fidèle, à harmoniser les besoins du corps et du cœur.

La mise en scène est élégante, les cadres esthétiques et sociaux (plus BCBG que prolos)bien posés, les dialogues intelligents et amusants, les plans discrètement inventifs, les interprètes burlesques et émouvants (*), la maîtrise du temps (85 minutes) assurée avec rectitude et cool-itude.

Bref le charme est de tous les instants … si ce n’est une voix off (celle de Philippe Torreton) un peu trop insistante.

Depuis Ovide et son « Ars amatoria » paru en l’an 1 de notre ère, les choses ont-elles évolué ?

Ou aimer reste-t-il toujours un apprentissage auquel beaucoup ont envie de se frotter mais dont peu sortent un certificat de "maîtrise" en mains ? (mca)

(*) "inconsolables et gais" comme dans le théâtre d’Anouilh.