INTOUCHABLES

A vos risques et périls.

Là où certains voient de la générosité, de la drôlerie, de l’émotion, de la tendresse, de la sensibilité, de la finesse d’autres entendent comique de répétition, personnages caricaturaux, histoire prisonnière de clichés, mise en scène ringarde, lourdeur, manque de spontanéité.

Il y a quelque temps, Sophie Marceau était dans une daube invraisemblable ("L’homme de chevet" d’Alain Monne) une paraplégique qui reprenait peu à peu goût à la vie grâce à son infirmier

Même topo ou presque dans « Intouchables », inspiré d’un fait-divers appartenant au Who’s who (*).

Un riche aristocrate, paralysé suite à un accident de parapente engage comme aide à domicile un jeune de banlieue qui sort de prison - Omar Sy (**) qui à la question biblique "qu’as-tu fait de la sympathie que tu inspires ?" pourra répondre : un talent

Entre eux pointera une amitié faite de l’enchevêtrement de deux mondes que tout semble opposer mais qui finalement s’avéreront complémentaires et riches d’enseignements - Toledano et Nakache continuant à labourer le sillon creusé depuis « Tellement proches » : parler de la multiculturalité avec humour. Leur type d’humour. Grumeleux et trop appliqué.

Les fans de ce genre de rencontres improbables liront dans « Intouchables » une comédie mi-salée mi-sucrée, vaguement proche de ce cinéma italien qui aime porter sur la société un regard doux et amer.

Les autres auront du mal à digérer cette histoire surjouée, surdialoguée, surtemporalisé (112 minutes !) et surdécousue parce que sacrifiant une cohérence scénaristique sur l’autel d’un essaim de petites saynètes mêlant loufoqueries et sentiments.

Quant à ceux qui voudront y voir une occasion de lecture marxiste sur la lutte des classes en ce début de siècle ils seront perplexes devant tant de partis pris faussement bonhommes et de points de vue fédérateurs et simplistes.

Comme si l’important était de n’égratigner personne. (mca)

(*) l’histoire est celle, vraie dit-on, de Philippe Pozzo di Borgo devenu en 1993 tétraplégique et depuis lors engagé dans un chemin de spiritualité christique qu’il décrit dans son livre « Le second souffle" édité chez Bayard.

(**) il est l’un des deux zygotos, l’autre étant Fred, qui, le téléphone vissé à l’oreille, assure pour Canal les courts sketches quotidiens du "SAV" - service après-vente des émissions - de 20 heures 40.