Drame familial
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TRUST

David Schwimmer (USA, 2010)

Clive Owen, Catherine Keener, Liana Liberato, Chris Henry Coffey, Viola Davis, …

106 min.
7 septembre 2011
TRUST

David Schwimmer, l’ami que certains d’entre nous ont fréquenté des années durant entre deux paliers de portes dans la série Friends, propose sa troisième réalisation de long métrage en opérant un virage concerné dans le thème qu’il aborde. Le cinéaste a choisi d’aborder les abus, psychologiques mais aussi sexuels, pouvant découler des échanges internet, dont la victime est une toute jeune adolescente de 14 ans.

En effet, Trust est un film sur l’individu, brisé par l’inconscience de l’autre, mais aussi sur les membres d’une famille, entraînés dans leurs propres abîmes par la déstabilisation de leur fille. Pour les parents, il s’agit de surmonter les dégâts occasionnés par le constat de leur impuissance la plus totale à protéger leur enfant au-delà de certaines limites. Il y est question de l’acceptation nécessaire de la traversée personnelle, parsemée de souffrances et de joies, comme parcours initiatique de vie pour chacun.

Trust est une histoire de confiance brisée mais aussi de lien familial qui s’érode, se distend, se renouvelle sur d’autres bases.

Cette période de vie qu’est l’adolescence est représentée dans ce qu’elle peut compter d’extrême, de tragique, de part de rébellion ; une réalité de l’insouciance brisée, de l’inconscience qui prend fin, de l’apprentissage qui continue à s’enclencher avec sa part de responsabilisation.

L’inconscience n’est d’ailleurs pas le seul lot des jeunes êtres ; elle se retrouve dans la bouche des collègues du père de la jeune fille. Celui-ci entend, ébahi, des paroles banalisées concernant les abus perpétrés impunément et doit gérer sa propre révolte face au relativisme qui veut que « cela aurait pu être bien pire ». Cette séquence en profite pour poser la question de l’acceptation face à l’incompréhension des autres devant quelque chose qui va bien plus loin qu’il n’y paraît.

Un sentiment d’impuissance et d’effroi balaie l’œuvre, face au constat de l’incapacité d’une adolescente en perte de repères à dire non et à subir des actes sans ciller. Dans nos sociétés, ce type de comportement où les jeunes sont encouragés à se comporter docilement, à éviter les effluves, à ne pas heurter l’autre, souvent à leurs propres dépens, est pourtant fréquemment observable sur un large spectre de la jeune, et de la moins jeune, population.

Au final, cette nouvelle réalisation de David Schwimmer est une œuvre utile qui recèle de thématiques sensibles, le genre de film parfait pour lancer le débat avec des classes adolescentes. C’est une œuvre qui pose des questions pertinentes sur un thème plus qu’actuel, en phase avec un quotidien industrialisé, mais qui s’avère si glauque que l’on n’a guère envie de le recommander chaudement. La magie permet aussi de faire passer de grands messages et Trust en manque cruellement. (Ariane Jauniaux)