Comédie déjantée
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HOLIDAY

Guillaume Nicloux (France 2010)

Françoise Lebrun, Judith Godrèche, Josiane Balasko, Jean-Pierre Darroussin

90 min.
19 janvier 2011
HOLIDAY

Quand Rabelais croise Lewis Caroll, Freud et la reine du Whodunit (Agatha Christie) pour gâcher le voyage de Michel Trémois parti avec son épouse (et sa belle- mère ??) revivifier leur vie sexuelle dans un Relais et Château qui ne tiendra pas sa promesse de devenir, le temps d’un week-end, une annexe conjugale de l’abbaye de Thélème

Parce qu’au « Fais que voudra » l’intrigue substituera une étrange et complètement barrée traversée du miroir au cours de laquelle le héros prendra conscience que la frigidité féminine est bien souvent dégelée par une bonne rencontre, que les femmes de chambre peuvent être psychotique, les gérantes d’hôtel travestis, les nymphomanes sado-masos et les nains partouzeurs

Thril-com (un mix abracadabrant de thriller et de comédie) revisité à la loupiote du kitsch et du déstructuré, « Holiday » aurait pu, s’il avait été traité avec plus de détermination et de constance dans son intention surréalisante et anar, être une ludique, joyeuse et insolente revisitation de ce qui se cache derrière les apparences et les rituels snobinards des hôtels de luxe.

Hélas, une mise en scène foutraque, des dialogues creux, des acteurs plus ahuris que convaincus de la consistance de leur personnage, une atmosphère cloaqueuse et vulgaire, font de « Holiday » le contraire de ce qu’on attend d’un titre qui annonce détente et bon moment.

Ils sont néanmoins deux à essayer de tirer la réalisation de Guillaume Nicloux vers le haut : Julien Doré qui s’est occupé avec un remarquable soin-pop de toute la partie bruits du film (musique et sons diégétiques).

Et Jean-Pierre Daroussin qui, comme d’habitude, arrive à tirer d’une certaine folie intérieure et d’atouts naturels (une plastique caoutchouteuse, une intelligence spontanée de la limite du grotesque à ne franchir ) de quoi rendre crédible tout et son contraire.

De passer, avec une talentueuse désinvolture par tous les registres de l’humain empêtré dans les conséquences d’une nuit d’ivresse : lâcheté, médiocrité, impuissance, désarroi, effarement, mauvaise foi.

Guillaume Nicloux place ces retrouvailles (*) avec l’acteur et avec l’écrivain-adepte de l’Oulipo Jean-Bernard Pouy sous les auspices d’un déjanté qui parce qu’il n’est pas toujours de bon aloi rappelle, dans ces meilleurs moments, l’esprit franchouillard et la verve comico-féroce des Hara-Kiri de la meilleure époque.

Ne reste alors au spectateur qui ne craint pas la « défonce » de « ky-rier ».

Celui qui se méfié ou se défie des loufoqueries tordues (auprès desquelles les petites saynètes humoristiques de la série télévisée « Palace » de Jean-Michel Ribes apparaissent comme un appendice du Discours de la Méthode …) passera son chemin.

Et se choisira d’autre « Holiday ». (mca)

(*) Après « Le poulpe » en 1998
(**) « Holiday » est édité chez Baleine et le fruit d’une collaboration avec Nathalie Leuthreau