MOON

Si Duncan Jones souhaitait que l’on ne sache pas que son père est David Bowie, c’est raté !
En effet comment ne pas établir de liens entre d’une part l’acteur du film de Nicolas Roeg « The man who fell to earth », le créateur de « Space Oddity » ce requiem mettant en paroles et musique l’histoire du Major Tom, astronaute largué dans l’infini astral et le réalisateur de « Moon » d’autre part ?

Reprenant le flambeau de l’intérêt paternel pour l’espace et la science-fiction et après un court métrage (« Whistle » en 2002), Duncan Jones décide de planter ses caméras au cœur d’une station lunaire.

Et au cœur d’une bien étrange collaboration avec un ordinateur qui de partenaire rassurant devient peu à peu une source d’angoisse et de questions sans réponse.

Cerné de références cinématographiques encombrantes à deux géants de l’aventure stellaire - Kubrick et Tarkovski (*) - « Moon » peine à trouver ses propre particules de lumière.

Pourtant et malgré une mise en scène manquant parfois de relief, Jones réussit à instiller à son récit une tension nerveuse et psychotique.

Huis clos mystérieux dans lequel le héros - comme le spectateur - se perd entre clones et projections hallucinatoires de lui-même.

Aidé (peut-être) par sa formation de philosophe, Jones sait capter les méandres de la mémoire et les chemins de l’esprit qui, lorsqu’ils sont asséchés par une absence de contacts humains, conduisent à des états proches de la folie.

L’austérité de certains plans, la bande son humble et exigeante de Clint Mansell, la voix monocorde de l’ordinateur (en fait celle de Kevin Spacey), l’attitude de plus en plus hagarde de Sam Rockwell donnent à « Moon » un halo de contention.

Proche de la camisole avec laquelle on essaye de tempérer ceux dont la raison s’égare aux quatre vents.

« Moon » a remporté lors du festival du film fantastique 2010 de Gérardmer le prix du jury et celui du public.

Ce qui rend plus étrange encore le fait que « Moon » ne trouve pas de distributeur en France et soit sorti chez nous à la sauvette ce printemps.

Donnant ainsi toute sa valeur à la mission rédemptrice de l’Ecran Total, cette manifestation cinématographie qui profite des mois d’été pour donner un second souffle à films trop vite passés à la trappe. (mca)

(*) "2001 : A Space Odyssey" et "Solaris" dont une deuxième version (pas mal mais moins puissante ) fut tournée en 2002 par Steven Soderbergh.

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