Les 7 et 8 juin, le Nova accueille à Bruxelles l’artiste Fermin Muguruza, passé du rock alternatif au documentaire, de la BD au cinéma d’animation…
À tout juste 61 ans, Fermin Muguruza a déjà vécu plusieurs vies. On le connaît surtout comme chanteur de ska-punk-hardcore qui a connu le succès dans les décennies 1980 et 1990 avec les groupes Kortatu puis Negu Gorriak – dans lequel il s’est mis à chanter dans une langue interdite sous Franco et qu’il a apprise sur le tard : le basque. Dans les années 2000, il s’est lancé dans une carrière solo, davantage marquée par la dub et la jungle, ainsi par de multiples collaborations avec des artistes comme Mad Professor, Zebda ou Manu Chao, avec lequel il a tourné en Amérique latine et en Europe.
De la musique au documentaire
S’il a continué à jouer de la musique, il n’est plus monté sur scène depuis 13 années mais il donnera deux concerts exceptionnels au Bilbao Arena en décembre 2024 pour célébrer ses 40 ans de carrière – concerts qui ont affiché sold-out en quelques minutes.
Chez nous, on connaît moins Fermin Muguruza pour sa carrière de documentariste, lancée en 2006 et déjà assez prolifique avec une dizaine de films réalisés, notamment sur la Jamaïque, la Nouvelle-Orléans, ou encore les musiques de plusieurs pays d’Afrique du Nord et du Proche-Orient… Son nouveau documentaire, « Bidasoa 2018-2023 », sera projeté pour la première fois en Belgique le samedi 8 juin au Nova, en sa présence.
Fusion entre arts graphiques et musicaux
Mais voilà que Fermin Muguruza a ajouté une nouvelle flèche à son arc : le cinéma d’animation ! Après avoir publié en 2014 le roman graphique « Black is Beltza » (éditions Bang), il le porta à l’écran en 2019 : « À la croisée de l’odyssée libertaire et du cinéma d’action politique, ce cocktail furieux saturé de références est un hymne à la contre-culture des années 60. Réflexion sur les changements de société doublée d’une critique radicale du conservatisme, il évoque le passé pour mieux parler de notre chaotique présent » (Festival du cinéma espagnol et latino-américain de Valence).
En 2022, un second volet se déroulant dans les années 1980 sort au cinéma dans plusieurs pays comme l’Espagne et la France. Intitulé « Black is Beltza II. Ainhoa », c’est « une sorte de Corto Maltese à la basque, en plus violent, plus anar, plus sexe, plus punk » (« Le Monde »).
Le tout sur une bande originale explosive, car dans les deux opus de « Black is Beltza », Muguruza donne une place de choix à la musique des époques dans lesquelles s’ancrent son récit, du punk-rock britannique à Cheikha Rimitti, en passant par Otis Redding ou la scène alternative basque. Mais la bande originale comprend aussi des compositions écrites pour l’occasion en collaboration avec des artistes d’influences diverses (andalouses, macédoniennes, chiliennes, espagnoles, ghanéennes…) comme Maika Makovski, Anari, Iseo, Yacine, Amel Zen, The Sey Sisters, Ceci Bastida, Ana Tijoux ou Manu Chao.
Ces deux films seront également projetés au Nova, en sa présence.
Si Fermin Muguruza est un touche-à-tout aimant passer d’un médium à l’autre, c’est avec certaines constantes : une énergie généreuse, des inspirations internationalistes, et un goût pour le mélange des langues et des cultures. Ces trois séances en sa compagnie en donneront un petit aperçu !
AU PROGRAMME
VENDREDI 7 JUIN À 20:00
Black is Beltza
Fermin Muguruza, 2018, ES-FR, DCP, vo st fr & ang, 86’
Octobre 1965. La troupe de géants de Pampelune est conviée à défiler sur la Cinquième Avenue de New-York. Mais la ségrégation raciale bat son plein : les autorités américaines interdisent aux deux géants noirs de participer au cortège. Basé sur cette histoire vraie, le film raconte l’histoire de Manex, porteur d’un des deux géants. Mélange de pirate et de justicier romantique, Manex tombe amoureux d’une révolutionnaire cubaine avec qui il plonge plus encore dans l’effervescence de l’époque.
SAMEDI 8 JUIN À 19:00
Bidasoa 2018-2023
Fermin Muguruza, 2023, ES, DCP, vo st fr, 71’
Fermin Muguruza revient sur la tragédie qui se joue sur le fleuve Bidasoa, frontière à la fois naturelle et administrative entre les Pays basques espagnols et français. Depuis l’été 2018 et la fermeture par la France de points de passage le long du fleuve, une dizaine de personnes a trouvé la mort en tentant de le traverser. Fruit d’un travail minutieux de récolte de témoignages, il donne la parole à plusieurs militants actifs au sein d’associations d’aide aux migrants, reconstitue le périple de ceux qui ont perdu leur vie à travers la géographie ubuesque de l’exil, et leur redonne une voix, un visage, une humanité.
SAMEDI 8 JUIN À 21:00
Black is Beltza II : Ainhoa
Fermin Muguruza, 2022, US, DCP, vo st fr & ang, 80’
Tout comme son prédécesseur, ce second opus est un voyage initiatique porté par un souffle révolutionnaire, dessiné dans un style réaliste, hyper rythmé et documenté. Mais ce ne sont pas les aventures de Manex qu’on retrouve ici : c’est sa fille, Ainhoa, qu’on suit après une ellipse de 21 ans, chevauchant les années 70. De Marseille à Beyrouth en passant par le Nicaragua, Muguruza met en perspective la cruauté de ces années où l’expression de "mondialisation" a commencé à être utilisée, en 1988, au moment précis où se déroule son récit.
Chaque séance sera suivie d’une rencontre avec Fermin Muguruza.
Plus d’informations sur le site du Cinéma Nova :
www.nova-cinema.org