Adaptation d’un livre
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YOUTH WITHOUT YOUTH

Francis Ford Coppola (USA 2007 - distributeur : Alternative Films)

Tim Roth, Alexandra Maria Lara

125 min.
14 novembre 2007
YOUTH WITHOUT YOUTH

FFC est un Formidable Faiseur de Chefs d’œuvre. Et ce n’est pas sa dernière création, même si elle n’est pas mémorable, qui infléchira cette appréciation tissée au fil de somptueuses fresques (« The godfather »), d’approches de thèmes éternels (le mal, la guerre, la jeunesse, la féminité, la famille…) de façon tantôt violente (« Apocalypse now ») ou intimiste ( « Outisders » « Rain people. »).

Après un long entracte de 10 ans, The rainmaker » date de 1997, Coppola revient à la réalisation avec un scénario tiré d’une nouvelle de Mircea Eliade, cet intellectuel roumain, homme orchestre du savoir (*) dont les engagements d’extrême droite dans les années 1920/1930 ternissent (un peu ?) la réputation.

Dominic Matei (un Tim Roth ectoplasmique) est un professeur septuagénaire qui consacre sa vie à cerner l’origine du langage. Confronté à l’impossibilité de terminer ses recherches, il choisit de se suicider. Une foudre providentielle en décide autrement. Il retrouve la vigueur de ses 30 ans.

Sur ce thème dont l’aspect anecdotique (et nunuche ?) rappelle le « Forever young » de Steve Miner - une femme continue à vieillir pendant que son amoureux retrouve force et énergie - Coppola greffe ses réflexions sur les années qui passent et rabotent les ambitions et la puissance à les réaliser.

Ce n’est pas la première fois que le cinéaste nous invite à partager son obsession de la perception et de l’usage réservé par les humains au temps.

« Peggy Sue got married » ou encore « Jack » sont là pour témoigner de la rémanence de sa préoccupation, mais c’est la première fois qu’il embrasse le thème avec un chaos qui désarçonne plus qu’il ne revigore. Un peu comme si le Coppola vieillissant était lui-même en recherche d’une cure pour retrouver un allant dont il ne se résout pas à accepter l’atténuation.

De là sans doute ses réponses identiques et mélancoliques aux innombrables questions dont la presse (**) l’a bombardé. « J’en 68 ans mais dans ma tête j’en ai 18 ».

Non, Cher Monsieur Coppola vous avez 68 ans. Et c’est très bien ainsi. Inutile de prétendre en avoir moins sous peine de dénier aux décennies qui s’écoulent leur effet majeur : celui de la transformation.

Vous avez beau tourner en numérique, avec un budget modeste, dans la Transylvanie de votre
mythique « Dracula » (ce héros dont le vampirisme vaut toutes les DHEA et autres pilules de
rajeunissement) votre film a ce sens de l’urgence et ce goût dune sagesse un peu paumée que
seules les années peuvent donner.

Urgence à ne pas laisser en friche des questionnements suspendus, urgence à échapper à la confusion mentale, à l’hypothèse shakespearienne que la vie serait un songe où se télescopent fantasmes, rêves et réalité. Urgence à partir en laissant la tâche accomplie.

Et sagesse, comme Edward G. Robinson qui, dans « Solyent Green » de Richard Fleischer, demandant avant de mourir, à revoir les verts paysages d’antan rejoint la quête de Matei de renouer, à travers le point alpha du langage, avec l’ombilic des débuts. Ce point central et tragique des déliquescences à venir. Cet initium d’un temps à venir et irrévocablement voué à devenir perdu. (m.c.a)

(*) Savoir qui touche à l’histoire des religions et des mythes, à la philosophie, à la métaphysique et à l’ésotérisme. « Youth without youth » est édité par les presses de l’université de Chicago et
accessible par www.amazon.fr

(**) Pointons les entretiens accordés au magazine « Télérama » du 31 octobre 2007, « Le Nouvel Observateur » du 8 novembre 2007 et au site www.lequotidienducinema.com

 

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