Comédie stylée
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WWW : WHAT A WONDERFUL WORLD

Faouzi Bensaïdi (Maroc 2005 - distributeur : BFD)

Faouzi Bensaïdi, Nehza Rahil, Fatima Attif

99 min.
25 juillet 2007
WWW : WHAT A WONDERFUL WORLD

www ou le mystère des acronymes.
Que se cache-t-il derrière cette suite d’initiales qu’Internet a élevées au rang de consonnes universelles ? ( www.whatawonderfulworld.com )

Un ensemble d’informations comme sur le Web ? La description d’une société en plein changement comme dans le « Wild Wild West » de Barry Sonnenfeld ? Une ironique (*) mise à distance de la beauté du monde célébrée par Louis Amstrong dans sa mythique chanson « What a wonderful world » ? 

Ou encore un bégaiement c’est-à-dire l’ hésitation d’un cinéaste qui ne sait pas très bien dans quelle catégorie il joue : le polar, le drame, la comédie, le burlesque ?

A Casablanca, un tueur à gages qui reçoit ses contrats par le net, Kamel, tombe amoureux d’une voix. Celle de Kenza un agent de la circulation. Il part à sa recherche.

A la lecture de cet abrégé narratif, on se demande pourquoi ne pas avoir siglé le film « kkk : Kitano, Keaton, Kill (Bill pour Tarentino) en hommage à ces trois réalisateurs dont le parrainage revendiqué donne à "WWW..." un ton bien singulier.

Singulier parce qu’il se démarque des productions marocaines habituelles qui hésitent à secouer le conservatisme ambiant (**) en choisissant de bousculer, toutes voiles référentielles dehors, les
conformismes sur lesquels s’arc-boute traditionnellement le cinéma maghrébin.

Singulier par un style qui mixte, avec originalité et pertinence, certaines des façons de faire des plus grands (Tati, Melville) et une liberté d’esprit inattendue. Donnant à voir l’incohérence d’une ville tiraillée entre tradition et modernité, richesse et pauvreté qui engendre chez beaucoup l’envie de s’expatrier.

Tout en ne critiquant jamais ouvertement la réalité sociale marocaine contemporaine, Bensaïdi en pointe néanmoins, à la plume d’aigle et avec une acuité toujours ludique, les faiblesses et les manques.

Les esprits tatillons peuvent trouver que « WWW… » part dans tous les directions. Ils n’ont pas tort mais si c’est là le prix à payer pour se régaler de feux d’artifice inventifs, alors vive le manque de rigueur. Il réserve de belles surprises.

Sort cette semaine aux cimaises de « L’Actor’s studio » le premier long métrage des frères Noury,
sorti confidentiellement au Maroc, « Heaven’s door » dont les histoires, échos aux désorientations d’une jeunesse en mal de repères, témoignent de la vitalité d’un cinéma qui a envie de se trouver en dehors des balises recommandées par le Pouvoir. (m.c.a)

(*) « WWW… » est un film-macadam. On y voit peu de « trees of green, red roses… »
(**) pour mémoire la polémique déclenchée par « Marock » de Leila Marrakchi que certains de ses détracteurs ont qualifié d’anti-national (« Les cahiers du cinéma » hors-série 2006 /spécial Atlas 2006)