Docu-drame
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WORLD TRADE CENTER

Oliver Stone (USA 2006 - distributeur :UIP)

Nicolas Cage, Jay Hernandez, Maria Mello, Maggie Gyllenhaal

135 min.
20 septembre 2006
WORLD TRADE CENTER

Le trauma du 11/09/2001 n’a pas épargné le cinéma d’Oliver Stone. D’édifiant il est devenu sulpicien.

Ce qui surprend dans son nouveau film c’est tout autant son mode, un mode intime, mineur qui n’est pas dans les habitudes de ce cinéaste connu pour ses idées provocatrices et ses positions polémistes que son ton, celui de la mélodramatisation du propos qui ravale une tragédie exceptionnelle à un épisode des séries HBO.

A travers l’histoire de deux policiers ensevelis sous les décombres des tours du World Trade Center, Stone a choisi de se mettre du côté des victimes et de raconter une succès story dans le but avoué de réconcilier les spectateurs avec une vision optimiste de l’humanité.

On attendait du réalisateur une proposition de réflexion sur la portée modificatrice de l’attentat sur la pensée américaine – dans l’esprit par exemple de Russel Banks qui dans son dernier livre « America, our Story » se penche sur la lente mais déterminée substitution du mot « patrie » au mot « pays – ou encore une remise en cause paranoïde de la notion même d’attentat.

Et l’on se retrouve face à une réalisation prudente, évitant de blesser toute susceptibilité qu’elle soit occidentale ou musulmane. Au mieux le réalisateur revivifie le mythe de « l’ordinary guy caught in an extraordinary situation » qui a fait la renommée d’Hollywood dans les années cinquante (*).
Au pire il se la joue ringard, façon John Wayne et ses « Green Berets », en focalisant l’attention sur Michael Shannon, ce comptable du Connecticut qui a repris sa panoplie d’ancien GI pour partir à la rescousse des survivants de Ground Zero.

Reste que « World Trade Center » est un film bien fait - on n’osera pas employer le mot « de divertissant » étant donné les faits dramatiques sur lesquels il prend appui) -, grand public, qui joue à la grande louche sur l’empathie émotionnelle acteurs/spectateurs.

Aucun des poncifs opportunistes des réalisations sentimentalo-romanesques n’est oublié (pleurs et angoisses des proches, regret d’un des policiers de ne pas avoir embrassé son épouse en partant travailler, entraide réciproque des ensevelis…), même Jésus-Christ est appelé à la rescousse en apparaissant sous forme de vision à l’un des blessés.

Grâce aux policiers John McLoughlin et Will Jimeno, Oliver Stone s’est refait une virginité.
Loin des dérives du pouvoir présidentiel (« Nixon »), des raiders sans conscience de « Wall Street », des remises en cause de la politique US au « Salvador », ce film propre sur lui et prompt à agiter les valeurs familiales et le drapeau étoilé est-il une pause, en quelque sorte hommage aux 2.749 personnes qui ont trouvé la mort au World Trade Center ou est-il l’indice d’une ré-orientation du réalisateur vers un cinéma chauvin, opportuniste et consensuel ?

Patience, l’avenir nous le dira. (m.c.a)

(*) Glenn Ford dans « Time Bomb » de Ted Tetzlaff , Kirk Douglas dans « Ace in the Hole » de Billy Wilder

Site du film : www.wtcmovie.com