Coup de coeur
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Coup de coeurWALTZ WITH BASHIR

Ari Folman (France/Allemagne/Israël - distributeur : Cinéart)

Une bande son de Max Richter

87 min.
10 septembre 2008
WALTZ WITH BASHIR

« Waltz with Bashir » est probablement un des films les plus marquants de cette rentrée cinématographique. Une réalisation qui laisse une marque durable sur la rétine. Et qui ne lâche pas une fois la porte de la salle franchie.

Parce qu’il va remuer des émotions si fortes, parce qu’il met en jeu une démarche si difficile et en même temps si essentielle, que l’on ne peut pas ne pas être touché de plein fouet, foudroyé sur place par les images qui défilent sous nos yeux.

Le processus qu’accomplit Ari Folman avec ce troisième long métrage (1) est pour le moins impressionnant, tant au niveau de la thématique qu’il a abordé que de la manière dont il décide de la porter à l’écran.

Fouillant dans ses propres tripes, hanté par mille fantômes et réminiscences insoutenables, Folman revient avec ce récit autobiographique sur l’année 1982, période de sa vie où il fut soldat, alors qu’il n’avait que 17 ans. Moment où il se laissait porter par les événements en s’efforçant tant bien que mal de survivre.

Au-delà du respect qu’une démarche aussi personnelle inspire, la considération que l’on ressent tout de suite pour le réalisateur vient du fait qu’il ose aborder de face l’absurdité de ce conflit. Il questionne son implication personnelle comme la responsabilité de son peuple.

Et n’a pas peur de comparer sa position à celle des bourreaux nazis, constat pour le moins chargé de sens pour cet israélien dont une partie de la famille connut l’enfer des camps.

C’est donc autant une remise en question personnelle que nationale qu’opère Folman avec « Waltz With Bashir ». Questionnement qui ne peut laisser indifférent.

D’autant qu’il est porté à l’écran d’une façon inattendue et terriblement juste. Folman décide en effet de mettre en image ce récit non pas par des prises de vues réelles, mais par de l’animation.

Ce choix formel est le deuxième élément qui fait de « Waltz with Bashir » un film incontournable. Parce que le réalisateur a la justesse de prendre conscience que les évocations qu’il porte à l’écran tiennent de la projection personnelle, de la mise en images de souvenirs intimes.


Il sait combien la mémoire déforme, tout comme il est conscient du fait qu’il n’ a pas une vision objective de ce que peut être la guerre, mais bien une multitude de regards, qui offrent, chacun à leur manière, une part de vérité.

En choisissant de matérialiser les souvenirs qu’on lui conte au travers d’une image animée, créée de toutes pièces, Folman s’écarte du décalque vérisimilaire qui n’aurait pu rendre la justesse de son propos, pour au contraire assumer pleinement la subjectivité du sujet qu’il traite.

La virtuosité des images créées, tout comme l’intensité de la bande son du film, oscillant entre rock désabusé et musique classique, offrent un contraste violent. Parce qu’elles tiennent d’une dimension poétique pour décrire cette situation horrible.

« Waltz with Bashir » est un film qui coupe le souffle. Montrant ce parcours du combattant sur le rythme de la valse. Faisant de cette danse macabre un témoignage important. (Justine Gustin)


(1)Après « Sainte Clara » en 1995 et « Made in Israël » en 2001.