Fantastique
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VINYAN

Fabrice Du Welz ( France, Belgique, Grande Bretagne - Distributeur : Imagine Films Distribution )

Emmanuelle Béart, Rufus Sewell.

96 min.
15 octobre 2008
VINYAN

La première impression à l’ouverture du nouveau et second film de Fabrice du Welz est un happement. C’est d’abord un son, celui du ressac d’une vague, et puis une image, qui s’étale du noir vers une lente danse de bulles de plus en plus rouge. Ce basculement vers la teinte du sang s’accompagne d’un bruit, de plus en plus prenant, de plus en plus perturbant. Celui du cri d’un enfant.

Cette ouverture, produit d’un savant agencement de sons et d’images, ensevelit littéralement, entraîne dans la vague destructrice, faisant de ce début une réelle expérience cinématographique.

Ce sera le cas de l’ensemble de « Vinyan », caractérisé par une mise en scène alliant images hypnotiques et bande son enivrante qui emporte dans son tourbillon lancinant. Jusqu’au générique de fin, des frissons parcourent l’échine au vue de scènes fascinantes, à la limite entre le rêve et le réel, entre répulsion et magnétisme.

Le souci est que cette attention particulière accordée à la donnée stylistique tourne un peu dans le vide, faute d’un scénario suffisamment abouti. Alors que dans « Calvaire », Du Welz proposait un film touffu et audacieux tant au niveau du style que du récit, il semble qu’avec « Vinyan », il se soit permis un relâchement sur le plan narratif.

De là naît une sensation d’incertitude quant à ce que l’on doit éprouver face à ce film. Car si sa réalisation fait preuve d’une intensité rare, on ne peut en dire autant du scénario, qui se borne au parcours de parents sur le chemin du deuil, trajet ici présenté de façon plutôt simpliste et peu clair, semblant uniquement braqué sur l’envie de proposer des scènes cinématographiquement fortes, hypnotiques.

Si ces séquences ne manquent pas d’impressionner physiquement, elles ne suffisent pas à maintenir le film, qui se pose comme une suite d’images fascinantes mais insuffisantes.

Ce n’est pas la prestation d’Emmanuelle Béart, en perpétuelle exagération d’elle-même, qui offrira plus de cohérence au film. Sorte d’égérie si parfaite qu’elle en devient désincarnée, elle pousse le film vers une sorte d’artificialité, de surreprésentation.

On éprouve dès lors une sensation paradoxale en sortant de « Vinyan ». Car sa dimension filmique si travaillée peine à faire oublier qu’elle n’est qu’apparence, sous-tendue par le vide ou presque.

Et l’on ne peut s’empêcher de regretter que cette tentative de renouer avec la tradition onirique - le réalisme magique - et schizophrène typiquement belge ne soit pas plus aboutie. (Justine Gustin)