VERS UN AVENIR RADIEUX

Les chars soviétiques à Budapest. Nous sommes en 1956. Et Giovanni , célèbre réalisateur, quasi septuagénaire, incarné évidemment par Nanni Moretti, tourne de nos jours un film qui évoque cette révolte noyée dans le sang. Film dans le film, mise en abyme selon l’expression consacrée. Regards d’aujourd’hui sur une réalité si lointaine. Quoi ? Il y avait des communistes en Italie ? Et ce n’était pas des Russes ? Rencontre de deux mondes, anachronismes, mais aussi questionnement de Moretti sur l’attitude alors du parti communiste italien face à cette invasion meurtrière : atermoiements, tensions, et finalement aucune rupture avec le grand parti frère, cela viendra plus tard. Politique, amours, vies privées, et où va le cinéma ? Tous les thèmes se télescopent. Le couple Giovanni Paola bat de l’aile. 40 années à l’ombre du grand homme égocentrique, ont laminé Paola, sa productrice. Leur fille s’envole avec un sexagénaire. Tout se déglingue. Comment continuer ? La Vespa a disparu et c’est en trottinette que Moretti arpente Rome. Arpente Rome et les temps nouveaux. Toutes les questions se bousculent : assistant à un tournage d’un tout jeune cinéaste, une scène de meurtre l’interpelle. Que veut-elle dire, est-elle nécessaire ? Ou est-ce simplement un cliché nuisible ? Les acteurs se figent, gestes en suspens, pendant que Giovanni-Moretti téléphone à Scorsese !
Film politique ? Film d’amour ? Tout cela à la fois, rien n’est étanche. Sans oublier les séquences sarcastiques où Netflix en prend pour son grade. Et lorsque en pleine mélancolie on semble s’acheminer vers une fin désespérée, d’un coup de baguette magique le destin change, la fiction autorise tout, même les lendemains qui chantent…
Deuxième, troisième degré, peu importe ! Quelle Inventivité ! Réflexions profondes, pertinentes, détails biscornus, comme marqueurs d’une époque, Moretti nous surprend toujours, sans jamais nous lasser.

Tessa Parzenczewski