VANTAGE POINT

Tous les ingrédients sont là et pourtant le soufflé retombe. Vite et définitivement.

Un octuor de vedettes dont certaines savent être de bons acteurs, un thème alléchant - une tentative d’assassinat sur le président des Etats-Unis déclinée en huit séquences, reflets d’autant de témoignages - , une mécanique efficace de mise en place de thriller, un traité international en gestation sur la lutte contre le terrorisme … et puis plus rien.

Rien qui n’ait déjà été vu, montré, revu et remontré mille et une fois.

Schématique, un brin parano et misogyne, dé-puzzlé afin d’être mieux recomposé, hyperkinétique, chromatisé à faire peur, « Vantage point » est le deuxième long métrage de Pete Travis à qui l’on doit « Omagh » du nom de ce petit village irlandais dont, le 15 août 1998, un groupe de dissidents de l’IRA, par la bombe qu’il y a fait exploser, a détruit pour longtemps la tranquillité.

« Omagh » déjà résonnait de la volonté du réalisateur d’apporter toute la vérité sur ce qui s’était passé. Sentiment qui se frénétise dans « Vantage… » et donne au film un petit côté artificiel et speedé que les mordus des séries télévisées rapprocheront des stéréotypies structurelles de « 24 » portées par un Kiefer Sutherland en perpétuelle surdose d’adrénaline.

Loin du réalisme avec lequel, dans « Omagh », il traitait une signifiante péripétie de l’Histoire, Pete Travis sacrifie ici aux obligés d’Hollywood : course-poursuite façon Bullitt, haro sans discernement mais pas sans préjugé arabophobe contre ceux qui veulent déstabiliser la première puissance du monde, rythme de montage proche du galop et survol superficiel de tout ce qui pourrait faire sens.

Le film dure moins d’une heure trente - record de brièveté en cette époque où il est devenu habituel pour les escomptés blockbusters de compter, au chrono, au moins 120 minutes - et pourtant malgré son tempo saccadé il paraît interminable.

Si les fins de vie présidentielle risquées vous intéressent, encodez sur le site www.imdb.com en keyword les mots « assassination of president » et une série de films s’afficheront.

Parmi lesquels beaucoup sont d’une qualité supérieure à celui qui sort cette semaine.

« Vantage point » ne doit pas faire perdre au spectateur l’avantage qui reste le sien de privilégier la qualité à la nouveauté. (m.c.a)