Occasion de réfléchir
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Coup de coeurUNE BOUTEILLE A LA MER

Thierry Binisti (France 2011)

Agathe Bonitzer, Hiam Abbas, Mahmoud Shalaby

22 février 2012
UNE BOUTEILLE A LA MER

Même dans un Monde aux fissures ombreuses peuvent se nicher et grandir deux fleurs inattendues.

Après un attentat à Jérusalem, une jeune Française nouvellement installée en Israël lance une bouteille à la mer. Espérant que le message que celle-ci contient sera lu par « les gens d’en face » - ceux de Gaza - et qu’une réponse sera donnée à cette question que chacun est amené à se poser un jour : pourquoi cette violence ?

Adapté d’un livre pour enfants relevant le défi qu’il il n’est jamais trop tôt pour réfléchir à la folie des hommes de Valérie Zenatti, « Une bouteille… » est un échange de mails entre deux jeunes gens qui vont apprendre, en dépassant la frontière idéologique censée les séparer, à se connaître, à se respecter, à s’épauler.

Alors que le contexte géopolitique autour d’eux fuit de toutes parts et que les roquettes lancées par les uns en représailles des actes de terrorisme des autres prennent le relais de dialogues devenus impossibles.

La pertinence d’une « Une bouteille… » repose, pour tenter de rendre plus clairs les points de vue et réactions des uns et des autres, sur un judicieux glissement entre faits réels, la sensation d’enfermement, la misère côté palestinien, la volonté d’autodéfense côté israélien et l’angoisse permanente des deux côtés et faits fictionnels.

La prouesse du film est de réussir à parler du conflit du Moyen-Orient en renvoyant dos à dos les camps opposés. Personne n’a entièrement raison ou entièrement tort dans cette histoire individuelle qui raconte un bout d’Histoire collective.

Par contre ce qui est certain c’est que chacun souffre d’une situation qui gangrène le quotidien en le rendant incertain. Menacé à tout moment d’être bousculé par une agression, perturbé par des mesures de rétorsion et la plupart du temps privé de ce qui motive le désir d’entreprendre : l’espoir d’un avenir meilleur.

Porté par des acteurs à la jeunesse gracieuse et touchante, refusant la candeur tout autant que le pessimisme, « Une bouteille … » rend un hommage bienvenu en ces temps de remise en question de l’enseignement à ces relais du savoir que sont, dans les pays troublés, les associations culturelles qui incitent par leur existence même à ne pas s’enferrer dans une ignorance qui conforte voire promeut les extrémismes.

Ce qui soutient l’attention, voire l’émotion du spectateur tout au long de ce beau film c’est l’envie de voir le chemin emprunté par Tal et Naim vers une compréhension mutuelle devenir aussi celui d’un rapprochement entre deux peuples adversaires depuis tant (trop) d’années.

Et même si le pari n’est pas gagné - le 7 février 2012 un débat sur l’extrême droite et ses dangers auquel était invitée, à l’ULB, Caroline Fourest a été annulé en raison d’une manifestation de la « Burqua Pride » - il n’est pas interdit d’espérer qu’un jour il le sera . (mca)