Drame intimiste
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TYRANNOSAUR

Paddy Considine (GB 2011)

Olivia Colman, Peter Mullan, Eddie Marsan

91 min.
25 avril 2012
TYRANNOSAUR

"An ugly type of existence" -une existence très moche - in "Wanda" de Barbara Loden

Les films, comme les individus, peuvent souffrir de surcharge pondérale.

Trop de noirceur, de tragédie, de détresse finit par lasser. Par dévitaliser le regard qu’un cinéaste porte sur ses personnages qui confrontés à des situations extrêmes essaient avec une force sombre et autoimmune de surnager.

Hannah. Joseph. James. Trois êtres perdus dans une spirale de haine de soi et de haine des autres. Une rédemption est-elle possible ?

On le sait, le cinéma n’est pas la réalité. Et pourtant il arrive qu’il suscite, parce que le déploiement visuel de son discours semble réel, de l’effroi. Voire du dégoût

Effroi et dégoût devant un trop plein de violence, d’autodestruction, d’alcoolisme, de perversion qui fait de « Tyrannosaur » une enfilade de séquence rudes et brutales succédant avec un lugubre entrain aux séquences dédiées à la douleur, aux coups et aux plaies - le tout emballé avec un sens du masochisme qui rappelle l’ambiguïté du supplice, à la fois malsain et extatique, de Saint Sebastien.

Pour certains peut-être œuvre choc, pour nous œuvre toc lestée d’un édifiant excès de misère matérielle et spirituelle, implosive et explosive, ce film de Paddy Considin est interprété par un Peter Mullan qui renoue, presque trop mécaniquement, avec son rôle d’alcoolique tourmenté en recherche de renaissance de « My name is Joe » de Ken Loach.

Olivia Colman s’en sort avec plus d’honnêteté et donc de conviction dans sa tentative de sauver et de se sauver d’un Monde noyé par la frustration, la religion et le manque d’amour.

« Tyrannosaur » (*) a reçu en 2012 lors de la cérémonie des Bafta une palanquée de prix - meilleure actrice, meilleur film indépendant, meilleur metteur en scène d’une première œuvre.

Triple étonnement pour une réalisation qui ploie sous une suffocante recherche de surenchère impudique qui ne laisse en bouche qu’une sensation.

Celle d’une humanité pourrissante. Qui ne mérite pas la corde pour la pendre. (mca)

(*) qui est la transformation en long métrage d’un court de 17 minutes, « Dog altogether » tourné en 2007 avec les mêmes acteurs.