Drame social
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Coup de coeurTSOTSI

Gavin Hood (GB/Afrique du Sud 2005 - distributeur : Vivio Film Distributie)

Presley Cheweneyagae, Mothusi Magano, Terry Pheto

94 min.
19 avril 2006
TSOTSI

Pour Maxime Le Forestier il ne fait pas de doute, même s’il en formule la question dans une de ses chansons, que les gens ne naissent pas « égaux en droits à l’endroit où ils naissent ».

Tout comme le jeune Rosario n’a pas choisi de naître à Naples (« Certi Bambini » des Frazzi) Pedro à Mexico (« Los Olvidados » de Bunuel ) Bruno à Seraing (« L’enfant » des Dardenne), Tsotsi n’a pas choisi de vivre à Soweto, cette banlieue de Johannesburg qui, 15 ans après la fin officielle de l’Apartheid, reste un avant-goût de ce que pourrait être l’enfer sur terre.

Une vie dans laquelle il n’a d’autre identité, à défaut de prénom, que d’être Tsotsi ce qui, dans le langage des Townships, recouvre un large spectre de sens allant du voyou au criminel.

Voyou il l’est - il ne vit que de larcins - criminel il l’est devenu après avoir tué, d’un coup de couteau au cœur, (geste qui, de nos jours s’est internationalisé jusqu’à la Gare Centrale de Bruxelles) un vieil homme pour lui voler son portefeuille.

Si son destin de malfrat semble scellé c’est oublier la place du hasard dans la vie de chacun.
Ce hasard, qui dans la sienne, va réveiller des bribes d’émotions lorsqu’il se trouvera confronté à la détresse d’un bébé couché sur le siège arrière d’une BMW qu’il vient de dérober à une jeune femme noire.

Si « Tsotsi » s’ancre dans la réalité moderne de l’Afrique du Sud, tant par sa parole faite d’un
mélange de Zulu, de Xhosa et d’Afrikaans que par sa musique - une superbe bande son kwaito
qui mixte hip-hop, house et funky - le film peut aussi se lire comme une parabole universelle rappelant que la réconciliation avec soi et avec la société n’est jamais exclue des situations les plus tragiques.

La schize primaire du bien et du mal est transcendée par la prise de conscience que chacun dispose d’un libre arbitre qu’il peut utiliser pour le pire comme pour le meilleur.
Symboliquement Tsotsi va poser un acte de rachat en ramenant l’enfant à ses parents mais
à travers ce geste il va s’accorder le droit qui jusqu’à présent lui a été refusé : celui de choisir le type de vie qu’il veut mener.

Je ne connais pas l’antonyme de Tsotsi en argot du ghetto sowetien, mais je le connais en français : responsable.

Soulignons le jeu magnétique de l’acteur principal, les tonalités sombres et éteintes de la mise en scène qui rappellent que l’Afrique du Sud a longtemps été un pays écrasé par les pleurs (« Pleure ô mon pays bien-aimé » d’Alan Paton) et qu’il le demeure puisque d’après l’Unicef « 350.000 orphelins de parents sidéens sont sur le point de déferler dans les rues des grandes villes ». (m.c.a)