A éviter
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TRANSFORMERS

Michael Bay (USA 2007 - distributeur : UPI)

Shia Laboeuf, Megan Fox, John Turturro

140 min.
25 juillet 2007
TRANSFORMERS

Suivant son âge, le spectateur ne regarde pas le film avec le même intérêt.

Enfant, il se fiche de l’ineptie du scénario - deux races d’extraterrestres déplacent leur guerre sur la Terre - parce que son attention sera ravie (au sens propre et figuré) par les capacités des robots envahisseurs de prendre mille et une formes : véhicules, armes, gadgets…

Adolescent et amateur de technique, il ne s’inquiète pas de la naïveté de l’histoire largement compensée, à ses yeux, par les prouesses du studio ILM de George Lucas et la maestria déployée dans leur recherche d’astucieux et clinquants effets spéciaux.

Jeune, cinéphile et moins accroc à la surenchère technologique, il se console du manque d’originalité de l’histoire - le Bien, le Mal et un gentil ado pour sauver le monde - en se rappelant que le cinéma a toujours été friand de créatures automatisées.

Après avoir été une série télévisée à succès dans les années 1984/1987, « Transformers » a été porté à l’écran une première fois en 1986 par Nelson Shin (*). Depuis ils ont eu de nombreux cousins cybernétiques ( Goldorak », « Terminator », « Robocop », « Bioman » etc…) ou androïdes [« AI » de Steven Spielberg sur une idée de Brian Aldiss (**), « I, robot » d’Axel Proyas inspiré par Isaac Asimov (***)]

Plus le spectateur est conscient du fait que la force manipulatrice d’un propos se construit sur sa rudimentarité, plus il détectera sous le vernis de l’extravagance des "Transformers" une vision paranoïaque, belliciste et militariste du monde.

Si la fascination du film pour l’armée US peut faire sourire par sa niaiserie, il n’en est pas de même des commandements revendiqués par l’affiche de « Transformers » : « protéger - détruire ». Parce qu’ils participent, subliminalement, à ce sentiment de désordre et d’ambigüité (quel est le rapport entre la protection et la destruction ? La causalité, la complémentarité ?) propice à la dérégulation du comportement social de l’individu.

Evidemment cette question a peu de poids face à la volonté affichée de faire de « Transformers »
le plus rentable des films de robots (qui étymologiquement, rappelons-le, vient du tchèque « robota » qui signifie « corvée »…). Ce qui semble bien en route si l’on en croit l’article de Dominique Borde dans « Le Figaro » de ce 25 juillet qui répertorie le lavage de cerveaux en préparation pour robotiser les goûts de nos chères têtes blondes (cartables, jouets, objets et vêtements customisés….).

Pour adoucir cette nouvelle tentative des studios Dreamworks de nous « mettre au pas », il n’est pas inutile de se souvenir que le besoin de transformation a toujours été chevillé à l’âme de l’homme : de l’âne d’Apulée à l’anneau de Gigès, des mystères de la bête du Gévaudan, à l’ « Amok » de Stefan Zweig ou à la « Christine » de John Carpenter, les avatars ont toujours eu la côte.

Ils sont la preuve que l’on peut céder aux sirènes de la « protéophilie » sans courir voir cette « Guerre des mondes » qui, durant plus de deux heures, assourdit, abêtit et abrutit. (m.c.a)

(*) le fondateur du studio Akom qui produit certaines séries américaines dont… « The Simpsons » dont the movie sort ce même jour. Coïncidence ou habileté commerciale ?
(**) « Supertoys : intelligence artificielle & autres histoires » (éd.Métailié) 
(***) « I, robot : le cycle des robots » (éd. J’ai lu)