Drame
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TRADE

Marco Kreutzpaintner (USA/Allemagne/GB 2007 - distributeur : KFD)

Alicja Bachleda-Curus, Paulina Gaitan, Kevin Kline, Cesar Ramos

113 min.
21 novembre 2007
TRADE

"Trade" ou un commerce pas comme les autres. Celui des êtres humains.

Adriana, une adolescente de 13 ans habite les quartiers populaires de Mexico City. Elle est enlevée par un réseau de prostitution. Jorge, son frère de quelques années son aîné, tente de la retrouver.

Pour sa deuxième réalisation, après « Summer storm », courageuse remise en question des préjugés entourant l’homosexualité, Kreutzpaintner (*) ne choisit pas la facilité.

A travers le portrait croisé de quatre personnages, Adriana, Jorge, Weronika, une jeune polonaise arrivée aux Etats-Unis dans l’espoir d’une vie meilleure, et Ray, un policier dont la fille a été victime de proxénètes, "Trade" décrit, en empruntant au rythme du thriller, les réseaux qui, entre le Mexique et les Etats-Unis, font du sexe la plus rentable des opérations commerciales quand elles concernent les mineurs d’âge

A la différence du très quelconque « Bordertown » de Gregory Nava qui traitait, avec lourdeur et absence de perspective, d’une autre forme d’exploitation, celle d’ouvrières mexicaines, « Trade » se focalise sur des parcours individuels pour pointer les cruautés d’un système qui chosifie, accable et réduit à n’être plus qu’une masse de viande celles et ceux (les garçons ne sont pas épargnés) qui deviennent de rentables (pour les exploiteurs) sex toys.

Ecrit par José Rivera, le scénariste de « Diarios de motociclita » de Walter Salles à partir d’un article controversé paru dans le New York Times Magazine (**) sur le million de victimes chaque année de la traite des êtres humains, « Trade » est un film engagé qui n’évite pas - mais est-ce possible de faire autrement ? - un certain pathos mais échappe, malgré ses scènes très dures, au voyeurisme-alibi : exploiter sexuellement les acteurs sous prétexte de décrire un monde d’exploitation sexuelle.

Il est porté par des comédiens convaincants dont les talents expérimentés (Kevin Kline) se mêlent sans hiatus aux découvertes de nouvelles têtes - chapeau bas à Cesar Ramos dont c’est la première prestation cinématographique.

Parce qu’il aborde frontalement un thème de société, « Trade » est un film SOS et coup de poing qui invite à ne pas fermer les yeux sur un trafic en train de tisser sa toile mondiale.

Il est aussi terriblement désespérant parce que pour une happy end, combien d’histoires qui se terminent mal ? (m.c.a)

(*) Dont, bizarrement, le nom n’est pas cité par le magazine Positif d’avril 2006 dans son abécédaire des réalisateurs à l’origine du renouveau du cinéma allemand.
(**) Le texte « The girls next door » de Peter Landesman est à lire dans le numéro du 25 janvier 2004 accessible sur le site www.nytimes.com