Adaptation d’un livre
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TOKYO FIANCEE

Stefan Liberski

Pauline Etienne, Taichi Inoue, Julie Lebreton, Alice De Lencquesaing

100 min.
8 octobre 2014
TOKYO FIANCEE

Adapté du roman autobiographique d’Amélie
Nothomb, Ni d’Ève ni d’Adam , Tokyo Fiancée raconte la romance
d’Amélie, une jeune femme pleine de rêves, qui retourne au Japon, pays qui l’a
vue naître vingt ans plus tôt et où elle a grandi les cinq premières années de
sa vie. Amélie caresse l’ambition d’être écrivaine autant qu’elle souhaite devenir
japonaise. Une réalité existentielle et une illusion adolescente qui la
confondront entre grandes espérances et déboussolantes incertitudes dans un
univers proche de Lost in translation , mais dans une version poétiquement
re-liftée et teintée d’un humour « belgicisé ».

 

La carte postale nippone que déploie Tokyo
Fiancée
ne manque ni de charme ni de poésie ; certaines images ont l’apesanteur
lyrique d’une estampe tracée tout en finesse. Pauline Etienne, en femme-enfant amoureuse,
aussi naïve que déterminée, ondule avec grâce à la surface d’une féminité
naissante, et se révèle lumineuse aux côtés d’un Taichi Inoue (Rinri), qui
n’est guère en reste. Leur prestation sauve ce film de sa faiblesse
scénaristique et de l’inconstance de son rythme. Car, oui, il y a un vide et
des blue notes dans Tokyo Fiancée . Les méditants y
entendront peut-être la marge de résonance nécessaire à l’écoute d’un koan
mais les médisants ne manqueront pas d’user de cette lacune qui, telle une
flèche, manque sa cible dans l’art du kyudo .

 

De l’aveu de l’auteure, Tokyo Fiancée
est le petit-fils de son roman, le divin enfant qu’elle a laissé engendrer en
toute liberté, par son ami, Stefan Liberski en évitant soigneusement de jouer
la belle-mère intrusive. La candeur d’Amélie est certes séduisante. Néanmoins
il manque à Tokyo Fiancée une indéfinissable secousse sismique pour en
faire un réel tsunami cinématographique. Le spectateur reste désespérément dans
l’attente d’un « quelque chose » qui ne vient pas, et qui est trop
souvent étouffé par une voix off qui manque cruellement de dynamique dans ses
intonations. D’aucuns apprécieront peut-être la reprise du tube de Sandra Kim
« J’aime, j’aime la vie » en « J’aime, j’aime le Japon » et
y verront la marque de l’esprit décalé de Liberski, alors que d’autres n’y percevront
que la décalcomanie d’un humour ne redoutant pas le kitsch.

En conclusion, en dépit de l’ambition de sa
carte, Tokyo Fiancée a la saveur d’un film inabouti : il a la
succulence d’une tempura à laquelle il manque l’indispensable pointe de dashi
dans la sauce censée accompagner son mets.

 

( Christie Huysmans )