A méditer
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Coup de coeurTIME OUT

Andrew Niccol (USA 2011)

Amanda Seyfreid, Olivia Wilde, Justin Timberlake, Cillian Murphy

109 min.
23 novembre 2011
TIME OUT

Time is money.

On a rarement sur écran donné à un proverbe une profondeur de champ aussi palpitante.

Quelque part dans un futur qui n’est pas nécessairement très lointain, les gens sont programmés pour mourir à 25 ans. A moins d’acheter des unités de vie supplémentaires. Faculté réservée soit aux plus riches soit aux voleurs.

Mais au fond ces deux catégories ne sont-elles pas identiques ?

« Time out » est un chouette film. Il ne stimule pas que l’adrénaline, il appelle aussi les neurones à s’intéresser à bien des problèmes de société.

Cette société dans laquelle nous vivons et qui lentement mais sûrement nous infuse le plus offensif des poisons : l’interdiction de laisser le temps inscrire sur nous son empreinte.

Tout est bon dans "Time out" (y compris le crime, la création d’un nouveau lumpen prolétariat, les jeux mortels) pour repousser les limites de l’âge. Défi d’immortalité qui empêche d’être heureux puisque le présent est sacrifié à la course d’un plus d’avenir.

Puisque survivre est plus important que vivre.

C’est par un subtil équilibrage entre scènes d’action pur jus (limitées souvent à des courses à pied étant donné le manque manifeste de moyens financiers ...) et développement d’idées sur la vanité de ne pas accepter de mourir que « Time out » séduit.

La mise en scène à l’esthétisme élégant (comme dans " Gattaca" du même réalisateur), les couleurs froides et métalliques (comme l’argent), le rythme soutenu ainsi que le punch des jeunes comédiens confèrent à ce thriller une force qui dépasse la simple résolution d’un suspense.

Pour atteindre la dénonciation d’une violence, d’une fracture sociale, d’une dérive financière qui fragilisent les pays dits civilisés.

Tout n’est pas de la même intelligence dans « Time out », l’allégorie est parfois boursouflée, le jeu des acteurs inégal, les allusions au couple mythique « Bonnie & Clyde » un peu lourdes et la love story cousue de fil blanc mais il n’en demeure pas moins vrai que le film est haletant et efficace.

Son idée de fond brillante a le mérite de rappeler comme dans « Logan’s run » (*) de Michael Anderson ce que nous sommes si prompts à oublier.

Le temps nous est compté, il faut donc mieux ne pas le gaspiller.

Le temps est précieux, il faut donc refuser de la capitaliser mais l’habiter en le vivant pleinement.

N’est-ce pas le poète Jahal al-Din Rumi qui disait que le sage était celui qui pouvait voir l’éternité en une minute ?

Aux Etats-Unis le film "Time out" est sorti sous le titre "Time in". 

Reflet d’une autre philosophie de vie selon que le verre est vu comme à moitié plein ou à moitié vide ? (mca)

(*) en français « L’âge de cristal », film dans lequel la durée de vie était, pour des raisons de surpopulation et de gestion des ressources naturelles, limitée à 30 ans.