A voir avec les ados
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THUMBSUCKER

Mike Mills (USA 2005 - distributeur : Belga Films)

Tilda Swinton, Vincent d’Onofrio, Vince Vaughn, Lou Taylor Pucci, Keanu Reeves

96 min.
31 mai 2006
THUMBSUCKER

Parmi la demi-douzaine de films nouveaux qui sortent chaque semaine, il y a des perles qui restent injustement trop peu valorisées alors qu’elles posent sur le monde qui est le nôtre un regard (im)pertinent.

Justin est un adolescent de 16 ans apparemment normal si ce n’est son addiction à se sucer le pouce.
Il est amené à consulter un psychologue qui assimile sa pratique à un trouble du comportement dû à un déficit de l’attention.
Du Ritalin lui est prescrit, ce médicament puissant qui, quoiqu’à 3 molécules seulement de la cocaïne, continue dans nos sociétés dites avancées à être prescrit à tort et à travers aux enfants à problèmes.

Justin va délaisser son pouce au profit d’une autre assuétude bien plus dangereuse parce qu’artificielle et agressive.

La crise de l’adolescence est abordée avec finesse et affection.
Si Justin parvient à se sortir de ses angoisses existentielles et de sa peur de devenir un adulte, c’est grâce à l’entourage des siens, toujours aimants et présents, à la mise à plat d’une relation maternelle trop fusionnelle et à quelques réflexions justement balancées sur son narcissisme infantile.

Les acteurs sont tous bons, chacun abordant son rôle avec une justesse et un équilibre lumineux.
Epinglons une Tilda Swinton à qui les rôles de mère semblent si bien convenir (« The Deep End »
de Scott Mc Gehee), un Vincent d’Onofrio surprenant mélange de solidité et de placidité, un Vince
Vaughn en professeur réellement concerné par son rôle d’éducateur et un Keanu Reeves en
orthodontiste baba cool étonnant.

Le jeune Justin est joué (le verbe est faible tant il semble il y avoir une adéquation parfaite entre
le personnage et celui qui l’interprète : Lou Taylor Pucci) avec cette grâce qui donne aux films parlant d’adolescents une beauté indomptée dont peuvent sortir aussi bien la maturité - ce qui sera ici le cas - que la folie (« Donny Darko » de Richard Kelly), la perversion (« Lolita » de Kubrick), le drame (« Sweet Sixteen » de Ken Loach ), le suicide (« Dead Poets Society » de Peter Weir) ou l a promesse d’une vie réussie (« Billy Elliot » de Stephen Daldry). (m.c.a)