Drame sentimental
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THINGS WE LOST IN THE FIRE

Suzanne Bier (USA 2008 - distributeur : Uip)

Halle Berry, Benicio Del Toro, David Duchovny

119 min.
5 mars 2008
THINGS WE LOST IN THE FIRE

Le cinéma c’est bien évidemment de l’émotion. Mais pas n’importe laquelle et surtout pas celle qu’on va chercher, à la grue-pelleteuse, chez le spectateur.

Suzanne Bier, jeune cinéaste danoise, nous a habitués à des films qui, quoique bourrés de sentiments, restent en deçà de cette limite-feu rouge au-delà de laquelle on peut se sentir mal à l’aise et vaguement écœuré par un trop d’affectif.

Le mari d’Audrey meurt en voulant porter secours à une femme battue. Aux funérailles, elle rencontre Jerry le meilleur ami du défunt pour lequel elle n’a jamais éprouvé beaucoup de sympathie en raison de son passé de junkie. Pourtant c’est ensemble qu’ils vont faire face à leur travail de deuil.

Dès les premières images, on est dans le ton du mélo. La violence, la mort, la drogue, la douleur.

Ce qu’on a envie de brûler dans ce film c’est son excès pour que ne reste que le squelette d’une histoire en soi intéressante : comment se reconstruire après une tragédie ? Comment affronter le manque qu’il soit de seringues ou de l’être aimé ?

La cinéaste nous avait accoutumés dans ses œuvres précédentes à retenir le mélodrame dans un filet aux mailles serrées par le choix d’une facture narrative et d’un style bridés.

Dans " Things we lost..." il y a moins de retenue et plus d’intrusion à capter, caméra à l’épaule, l’intime des personnages. Est-ce une façon de célébrer, par un premier film en langue anglo-américaine, la mise à distance des règles contentieuses de l’école Dogma qu’elle avait contribués à mettre en place avec ses collègues Von Trier et Vinterberg ?

Une sorte de quille après « le couvent » ?
Ou s’agit-il d’une telle addiction aux conventions cinématographiques que celles du Dogme ont été remplacées par celles d’Hollywood ? 

Reconnaissons deux choses à mettre au crédit de " Things we lost...".

D’abord, une volonté de la réalisatrice de continuer à explorer la même thématique que dans ses films précédents : une femme, deux hommes - chacun de ceux-ci ayant un lien plus ou moins rapproché avec l’autre - et la mort qui rôde.

Dans « Open hearts », Sarah tombe amoureuse du mari de la femme responsable de la paralysie de son époux.

Dans « Brothers », Caecilie croyant son mari disparu lors d’une expédition militaire en Afghanistan entame une relation avec le frère de celui-ci.

Dans « After the wedding  » Hélène renoue avec un ancien amoureux sous l’impulsion d’un mari qui se sait atteint d’une maladie incurable.

Ensuite, et c’est un atout majeur, la présence de Benicio Del Toro qui apporte à son personnage une fragilité, une sensibilité et une humanité qui rappellent que les gens les plus dangereux pour eux mêmes sont parfois d’une douceur déconcertante.

Son talent est très certainement « la chose à ne pas perdre dans le feu » (m.c.a)