Autour d’un livre
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THE RUM DIARY - RHUM EXPRESS

Bruce Robinson (USA 2011)

Amber Head, Johnny Depp, Aaron Eckhart

110 min.
30 novembre 2011
THE RUM DIARY - RHUM EXPRESS

Est-ce parce que c’est la deuxième fois que Johnny Depp se frotte au monde déjanté de Hunter S. Thompson que le spectateur a très vite l’impression que le cœur n’y est pas.

Ou n’y est pas avec la même intensité, la même folie ingérable - « Larger than life » comme aimait le dire Thompson lorsqu’il affrontait ses peurs de l’échec et ses interrogations éthiques de journaliste gonzo c’est-à-dire assumant ses reportages de façon totalement subjective à la première personne du singulier.

Comme si la passion de l’acteur pour l’écrivain s’était autoconsumée dans le portrait déjanté qu’il en a donné dans « Las Vegas Parano » de Terry Gilliam,

Dans « The rum diary », il continue à prêter son intelligence, sa singularité, ses discernements de producteur et sa ... voix (*) à celui qu’il considère comme « un mentor… une figure paternelle » (**) mais il le fait d’une façon plus bâclée.

Moins présente comme si l’âge venant le feu de sa sauvagerie (***) était devenu une simple étincelle qui n’arrive plus à rendre aux gueules de bois leur dimension d’ivresse délirante.

Il faut reconnaître qu’il n’est pas dans son jeu soutenu par une mise en scène à la hauteur et encore moins par un scénario bien construit.

Souvent d’ailleurs le spectateur se demande dans quel pot de sauce il est tombé : celui de la comédie, de la romance, du drame écologique ?

Du questionnement politique sur un Monde où les hommes d’affaires sont corrompus et ne pensent qu’à transformer les îles naturellement paradisiaques en Edens artificiels réservés aux plus riches ?

Sorte de croisade menée contre ce genre d’investisseurs immobiliers par un reporter new yorkais engagé dans une modeste gazette de Porto Rico, « Rum diary » se déploie les doigts rivés autant au clavier d’une machine à écrire, qu’aux fesses de jolies filles ou aux bouteilles de cette « potion magique » qui donne au film son titre.

Et sa limite.

Comment, en effet entrer dans ce b(r)ouillon d’images et de mots mal ficelés sans être … cuité ? (mca)

(*) non seulement Depp a collaboré à la BO du film mais avec son "band" il en joue et interprète quatre morceaux.

(**) dans un entretien accordé au magazine « Le Point » du 24 novembre 2011, Johnny Depp rappelle que c’est lorsqu’il séjournait chez Hunter Thompson que le roman de ce dernier a été retrouvé dans un fond de tiroir. "Rhum express" a été publié en français aux éditions Robert Laffont

(***) largement mise à mal par les excès et maniérismes du Captain Jack Sparrow - le personnage hélas récurrent de la série « Pirates of the Caribbean »