Ecran témoin
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THE ROAD TO GUANTANAMO

Michael Winterbottom & Mat Whitecros (GB 2006 - distributeur : Cinéart)

Riz Ahmed, Farhad Harum, Arfan Usman, Shahid Iqbal

95 min.
7 juin 2006
THE ROAD TO GUANTANAMO

Comment peut-on après avoir grandi et vécu à Birmingham/Angleterre se retrouver à Guantanamo/Cuba ?
C’est la question qui va hanter, pendant trois ans, de jeunes musulmans qui, au cours d’un voyage pour accompagner l’un des leurs au Pakistan, se retrouvent incarcérés dans ce bout de terre inondé de soleil et de brutalité humaine.

L’histoire commence en octobre 2001, soit un mois après l’attentat du WTC qui semble avoir scellé l’autorisation d’emprisonner arbitrairement tout quidam soupçonné (parfois sur sa simple apparence physique) de liens avec Al-Qaida.

C’est à partir des témoignages des victimes réelles entrecoupés d’images d’archives que Michael Winterbottom reconstitue une fiction dramatique retraçant cette odyssée infernale entre Karashi et Cuba.

Ce n’est pas la première fois qu’un éclairage cinématographique sur la barbarie qui sertit la détention des (pseudo) terroristes est proposé (« Punishment Park » de Peter Watkins ;« S-21 La Machine de Mort Khmère Rouge » de Ruthy Panh), raison pour laquelle sans doute le spectateur n’a pas l’impression d’apprendre quelque chose qu’il ignorait.

L’intérêt du film réside dans l’effrayant reflet qu’il nous tend d’une société de non droit privilégiant les humiliations et les tortures aux dispositions de la Convention de Genève prévoyant pour chacun le droit à un procès équitable.
Son efficacité est concrète parce que dépourvue de considérations émotionnelles. Mais elle aurait pu être doublée d’une analyse plus impartiale qui n’aurait pas oublié que Guantanamo est proche des geôles castristes qui, elles aussi, méritent opprobres et critiques. Aurait été ainsi évitée l’impression manichéenne que la CIA et le MI5 sont les seules institutions dévoyées sur l’île.

Le monde est saturnien, il aime dévorer ses enfants au risque si ceux-ci en réchappent d’être radicalisés dans leur appartenance à une culture comme le démontre Winterbottom dont les personnages ont, en fin de film, perdu leur look occidentalisé au profit des barbes des Islamistes.
Transformation déjà soulignée, et avec plus de subtilité, par le beau film « Yasmin » de Kenneth Glenaan, où devant le peu de considération accordée à son désir d’intégration, une jeune anglaise d’origine quitte le jeans pour le voile. (m.c.a)