Drame social
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THE PURSUIT OF HAPPYNESS

Gabriele Muccino (USA 2006 - distributeur : Sony Pictures)

Will Smith, Jaden Christopher Syre Smith, Thandie Newton

118 min.
7 février 2007
THE PURSUIT OF HAPPYNESS

Il arrive que le hasard des sorties souligne de façon exemplaire la diversité du cinéma américain.
Le 7 février deux films, l’un axé sur la créativité exigeante et intransigeante, « Inland empire » de David Lynch , l’autre produit formaté de l’industrie hollywoodienne, sortent, illustrant chacun les paradigmes d’un cinéma difficilement fongibles.

Autant le David Lynch semble opaque et inattendu dans son propos et sa mise en scène, autant « The pursuit » est cristallin et prévisible dans ses développements scénaristique et formel. Comme s’il s’agissait des faces d’une même pièce de monnaie.

D’un côté l’avers lynchéien ou le désir et la volonté quasi narcissique de traiter, hors compromis, une idée chère à l’auteur. (cf notre critique de « INLAND EMPIRE »)

De l’autre le revers ou l’intention de traiter un sujet porteur, une success story, de le développer unidimensionellement en ne se refusant pas d’exploiter tous les clichés émotionnels (*) du genre sans pour cela parvenir à réellement agacer parce qu’une certaine élégance de cœur traverse, en pointillé et discrétion, le film

« The pursuit » est la transposition d’une histoire vraie, celle de Chris Gardner qui, au moment où sa vie bascule dans la précarité, obtient un stage dans une grande société de bourse. Il y sera courtier, avant de créer son propre fonds de placement et de devenir milliardaire.

L’atout du film est d’avoir demandé à Will Smith d’incarner Chris Gardner. Il arrive, tout en gardant le charme qui est le sien, à insuffler à la démarche de son personnage ce qu’il faut de rage et de désespoir pour lui donner crédibilité et intensité.

Il ne fait l’impasse sur aucune des angoisses qui assaillent un être humain - comment être un bon père, comment préserver son enfant du désespoir, comment rester digne ? - lorsque, la volonté de sortir du marasme débouche sur la détresse, la misère, la rue.

La mise en scène a l’originalité de souligner la valeur de qualités, souvent oubliées des écrans du XXIème siècle : la détermination et la foi, celle qui sans être religieuse (**), sert à déplacer les montagnes lorsque le chemin vers la bonheur s’avère escarpé.

Même s’il est parfois crispant lorsque la relation père/fils frôle le sirupeux ou le trop façonné - impression renforcée par le fait que Will Smith a pour partenaire son propre fils Jaden – "The pursuit", sans supporter la comparaison d’avec les comédies humanistes de Frank Capra, est sagement conforme à l’engagement bétonné par le président Jefferson dans la constitution américaine : pour être atteint un bonheur doit être poursuivi. L’ "American Spirit" des pionniers a gardé tout son potentiel performant...pour certains (***). (m.c.a)

(*) dont la sentimentalité est, hélàs, surlignée par une musiquette aussi nauséeuse qu’inutile
(**)"The pursuit" rend néanmoins un hommage mérité au révérend Cecil Williams, l’abbé Pierre de San Francisco, qui a eu la bonne idée d’ouvrir le premier hôtel pour sans-abris dans sa paroisse de Glide sous l’ère Reagan, celle-là même qui a vu croître, à la même cadence, la courbe des yuppies et celle des SDF.
(***) en antithèse à "The pursuit" une vision de "Midnight cowboy" de John Schlesinger remettra salutairement en perspective la glorification du mythe de l’"American Dream".