Drame sentimental
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THE PAINTED VEIL

John Curran (USA 2006 - distributeur : Belga Films)

Noami Watts, Edward Norton, Toby Jones

124 min.
7 mars 2007
THE PAINTED VEIL

Hollywood n’a rien perdu de sa capacité à faire rêver, à créer l’illusion du romanesque à partir d’un livre pourtant profondément dramatique de Somerset Maugham (*). Comme s’il était inconcevable, sans l’atténuer de sentimentalisme, de s’en tenir à une observation aigue et ironique des relations amoureuses.

Kitty, chic, frivole et vaniteuse jeune anglaise, épouse sans amour un médecin bactériologiste. Ils partent pour Shanghaï. Pour la punir d’avoir pris un amant, son mari l’emmène dans une contrée reculée de la Chine où sévit une épidémie de choléra.

Transposer c’est faire le choix de trahir. Trahison qui, en l’espèce, sacrifie aux fausses nécessités d’un certain 7ème art d’être superficiel, épique et mélodramatique là ou le roman est méditatif, contenu et psychologiquement touffu.

John Curran et son scénariste Ron Nyswaner (« Philadephia ») ont focalisé leurs intérêts sur l’évolution - de l’indifférence à l’amour en passant par la détestation - d’une relation maritale personnifiée par Naomi Watts et Edward Norton, tous deux surprenants dans ces rôles qui les emmènent loin des angoissés et schizophrènes qu’ils ont l’habitude d’incarner.

Le parti pris romancé est visuellement réussi. Les paysages, les costumes élégants et les langueurs de tempo contribuent à créer cet écrin de moiteur - qui évoque parfois James Ivory - propice au lâcher prise des corps et des coeurs.

Axé sur la double articulation des notions de culpabilité et de rédemption, « The painted veil » n’oublie pas que les années 1920 sont celles des premières et violentes remises en cause de la légitimité du colonialisme.

Mais on aurait aimé que soient moins oubliés, de l’ensemble du propos, l’intérêt de l’écrivain pour « la philosophie de la vie », notamment celle du Tao qui aide l’héroïne à « laisser les événements suivre leur cours » et sa profonde connaissance des effets transformateurs des climats lointains sur les âmes des ressortissants occidentaux.

Enfin, s’il fallait trouver une raison, et une seule, à ce remake d’adaptations cinématographiques
précédentes dont une (**) avec Greta Garbo en 1934, elle serait dans la sélection, comme accompagnement musical, d’une œuvre d’Eric Satie qui souligne, de façon poignante, la mystérieuse complexité des âmes et des destinées. (m.c.a)

(*) dont la traduction française « La mauvaise passe » peut encore se trouver, en édition de proche, dans les rayons de quelques bonnes librairies de seconde main de Bruxelles.
(**) de Richard Boleslawsky