documentaire
Au départ du film « The Mother of all lies » (La mére de tous les mensonges) il y a une photo. Asmae El Moudir, la réalisatrice, se demande pourquoi il n’y a qu’une seule photo de son enfance, mais aussi, pourquoi la fille sur la photo ce n’est même pas elle. En réalisant ce film, Asmae El Moudir explore un passé fait de mensonges, de bribes de réalité et de mystères. Il en résulte un documentaire d’une facture spéciale, mêlant fiction et réalité, où Asmae enquête à la première voix.
Dès l’ouverture, Asmae aide sa grand-mère Zahra à mettre un appareil auditif, pour que le dialogue ait lieu. Mais la vérité peine à sortir de sa bouche, car Zehra est butée et n’entend que ce qu’elle veut, œuvrant inlassablement à étouffer le passé, notamment, en interdisant depuis toujours les photos à la maison.
Alors, pour faire surgir les événements de son histoire, Asmae se met à construire une maquette géante représentant la rue où elle a grandi à Casablanca. Des personnes de sa famille, des amis et des voisins sont amenés à interagir avec le décor du passé dans lequel ils se retrouvent confrontés à eux-mêmes, sous la forme de figurines. Cette reconstruction permet à Asmae non seulement de recomposer son histoire personnelle, mais aussi à l’ancrer dans l’histoire du pays, et plus particulièrement l’épisode douloureux des émeutes de pain, qui ont eu lieu à Casablanca en 1981.
Asmae El Moudir explique : « Je n’essaie pas de documenter la véritable histoire de ma famille, mais de faire un film sur la multiplicité des points de vue et la pluralité des interprétations qui existent au sein d’un même foyer, non seulement dans l’intérêt de l’histoire familiale, mais aussi dans celui de l’histoire nationale. »
Le film retrace cette recherche de la vérité qui s’enrichit des différents points de vue. La mise à distance créée par le dispositif factice de la maquette, nous donne la possibilité de partir de l’histoire personnelle d’un foyer en l’élargissant vers l’histoire de la rue, du quartier et encore plus loin, de la ville, de la nation, s’approchant de l’universel. Un film dense et audacieux.
Luz