Bio-fiction
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THE LIBERTINE

Laurence Dunmore (GB 2004 - distributeur : Paradiso Filmed Enternainment)

Johnny Depp, Samantha Morton, John Malkovich

115 min.
25 janvier 2006
THE LIBERTINE

Dès les premières images du film, John Wilmot, comte de Rochester est présenté comme un débauché notoire, un buveur invétéré, un poète sulfureux. Il est aussi un proche du Roi Charles II d’Angleterre avec lequel il entretient une relation difficile à l’égal des soubresauts de l’époque : celle de la restauration post cromwellienne.

« The libertine » n’a pas l’ambition de poser un regard historiquement neutre sur un artiste pourtant décrit par Voltaire (qui n’est pas réputé pour avoir l’avis commode) comme étant « plus savant et plus éloquent qu’aucun jeune homme de son âge »

Opinion irréductiblement opposée au lynchage orchestré par Dunmore qui, liberté artistique oblige, a opté pour un parti pris biographique pornographiquement réducteur dont la fin, une conversion religieuse, appartient plus au registre de l’hypothèse que de la réalité.

Le titre fait aussi sourire car en fait de libertinage, dans son acception de libre penseur, il est plutôt question de liberté de mœurs faisant de Wilmot un lointain ancêtre de Hugo, le héros houllebecquien des « Particules élémentaires » qui, à travers une série de propos crus et de scènes égrillardes, tente de sortir d’un spleen ontologique.

Johnny Depp défend au mieux le parcours d’un Wilmot illuminé et allumé qui finira désabusé et syphilitique . Il convainc moins que d’habitude sans doute parce qu’il compose plus qu’il n’habite son personnage.

La pellicule, granuleuse et exploitée dans des tons verts-bruns affadis, est au diapason de la mélancolie du personnage principal, qui tel un « enfant de Saturne » (*) ne trouvant à la vie aucune saveur, essaye d’en tirer des sensations en vivant sexuellement et sensuellement d’une façon débridée et excessive ?

Wilmot n’a pas été que la caricature mi-grotesque mi-pitoyable portraiturée par Dunmore.
Considérons celle-ci comme un brouillon qu’un coup de camera à venir se plaira un jour à affiner.

(*) selon le titre éponyme du livre du philosophe Jean-Paul Enthoven (m.c.a)