THE KILLER INSIDE ME (selon NV)

Lou est le shérif adjoint charmant, beau gosse et sans prétention d’une petite ville américaine. Lou a un tas de problèmes. Des problèmes avec les femmes. Des problèmes avec la loi. Trop de meurtres commencent à s’accumuler dans la juridiction de sa petite ville du Texas. Et surtout, Lou est un tueur sadique et psychopathe. Lorsque les soupçons commencent à peser sur lui, il ne lui reste pas beaucoup de temps avant d’être démasqué...

Adapté du roman de Jim Thompson « Le démon dans ma peau », le dernier film de Michael Winterbottom, « The Killer Inside Me » a provoqué le scandale au festival de Sundance à cause de la violence de deux scènes qui ont fait quitter la salle à certains.

Le réalisateur britannique n’a en effet pas peur de repousser les limites de ce que les spectateurs peuvent supporter. Déjà dans « 9 Songs » il en avait choqué quelques-uns en décidant de présenter une histoire d’amour avec des acteurs qui font vraiment l’amour. 
Dans « The Killer Inside Me » Winterbottom dépeint la violence de manière très réaliste et crue. Partant de l’idée qu’il est pire de banaliser la violence en la minimisant et en la transformant en divertissement à la manière de certains films d’action (où les morts sont innombrables mais certes pas très sanglantes), le réalisateur montre le meurtre dans ce qu’il a de plus inhumain, cruel et d’horrifiant. 

Face aux critiques quant à la longueur de la scène où Jessica Alba se fait agresser, le réalisateur explique qu’il voulait montrer que choisir de tuer quelqu’un à coup de poings était "un processus lent, long et difficile". D’où une séquence qui donne envie de détourner le regard pour ne plus voir le visage de la jeune femme devenir peu à peu méconnaissable. 

Préférant un public en perpétuelle interrogation face à ce qu’il voit plutôt qu’un public passif, le réalisateur cherche donc volontairement à nous provoquer, pour nous faire réfléchir...

Malgré les deux scènes dérangeantes, « The Killer Inside Me » reste tout de même un très bon thriller noir qui vous prend aux tripes. L’histoire est présentée du point de vue du tueur interprété à merveille par un Casey Affleck dont l’air juvénile ainsi que la voix légèrement androgyne contrastent avec la violence et la cruauté du personnage.

Tout comme ce protagoniste au visage angélique et à la nature diabolique, le film présente aussi une opposition entre l’image vernie de la société américaine des années 50 et le malaise qui se cache en profondeur. Les femmes du film sont de parfaites représentantes de cette société étouffante et machiste où on ne pouvait être que cantonnée dans le rôle d’épouse (respectable) ou de putain. Toutes les deux assez passives, Joyce (Jessica Alba) et Amy (Kate Hudson) ne sont que des jouets entre les mains de Lou qui les désire et semble tenir à elles, jusqu’au jour où sans raison, il décide de briser ses ’jouets’. Et bien qu’au départ l’une était la pute et maitresse alors que l’autre la future épouse, leurs rôles finissent par se confondre dans l’esprit dérangé de Lou qui associe désir et violence.

Réunissant une mise en scène fluide et soignée, un scénario bien ficelé, et un jeu d’acteurs impeccable « The Killer Inside Me » est une des meilleures sorties de la semaine, mais… âmes sensibles s’abstenir !

Nadia Vodenitcharov