Comédie sociale
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THE KIDS ARE ALL RIGHT

Lisa Cholodenko

Julianne Moore, Annette Bening, Mark Ruffalo, Mia Wasikowska, Josh Hutcherson...

104 min.
5 janvier 2011
THE KIDS ARE ALL RIGHT

« The Kids Are All Right » sonnait comme la promesse d’un de ces films américains indépendants qu’il est rare de voir sur les écrans. Le casting était par avance savoureux et l’idée de retrouver Julianne Moore et Annette Bening, deux actrices trop rares qui se plaisent à aborder des rôles qui sont pour elles, sans doute, autant d’explorations humaines, laissait espérer une peinture de premier choix. Malgré de bons éléments, l’enthousiasme retombe un peu au sortir de cette vision.

 

Le canevas de l’histoire réserve son lot d’idées originales : nés de deux mères construisant une relation de couple depuis près de vingt années aidées par un donneur de sperme en Californie, deux adolescents décident de retrouver leur père biologique. La rencontre entre cet homme vivant en retrait, bien à l’écart de tout attachement, et une famille qui s’est construite en marge des normes s’avère pleine de rebondissements, à défaut d’être passionnante. Les relations sont subtiles, multiples et laissent apercevoir les forces et les failles de chacun. L’adolescence, moment clé de construction, est une période de grandes transitions et de brisures. Ce passage de vie intense est le moment d’analyser comment ces enfants pas encore adultes ont pu se construire dans un environnement fortement éloigné des stéréotypes familiaux.

 

Le film, réalisé par Lisa Cholodenko est, on le suppose, largement d’inspiration autobiographique (la réalisatrice ayant sans doute longtemps réfléchi à la question du don de sperme avant de réaliser ce projet et de se décider à sauter le pas, du fictionnel au réel, au cours du tournage pour donner naissance à son fils à l’aide d’un donneur). La cinéaste, qui a fait une partie de ses armes en tournant divers épisodes télévisés, notamment des séries « Six Feet Under » et « The L-Word », n’a peut-être pas su prendre la distance nécessaire pour raconter une histoire qui n’est ni tout à fait la sienne, ni tout à fait celle d’une autre. En s’inspirant de sa vie sans s’y limiter, le risque est de stagner dans une zone intermédiaire qui réserve certes des scènes pleines de panache, des personnages tantôt attachants, tantôt horripilants et des échanges verbaux emplis de répartie et d’interactions tendues mais tendres, mais cela ne suffit pas à faire un « grand » film.

Il est vrai que les attentes que l’on laisse se créer à la lecture d’un synopsis et d’un casting prometteurs ne devraient pas porter préjudice à la réception d’un film qui a le mérite d’être innovant. Sans être inoubliable, ce projet vaut toutefois le détour, notamment pour sa volonté de raconter une histoire familiale en dehors des sentiers battus et rebattus dont le cinéma provenant des Etats-Unis regorge parfois. En recherche d’un film intéressant, d’une interprétation fouillée et d’un panorama d’une Amérique qui défie quelque peu le conformisme et l’uniformisation, peut-être serez-vous entièrement charmé par cette histoire douce amère.

Mais à rester dans l’entre-deux, à mi-distance entre les archétypes des conceptions occidentales et les tentatives de s’en éloigner, l’expérience manque finalement un peu de relief. Car le cinéma, c’est d’abord l’art de conter des histoires, talent que d’autres grands maîtrisent avec un brin d’âme supplémentaire. Ce qui n’empêche qu’on attend la suite des aventures de l’équipe du film au grand complet avec impatience. (Ariane Jauniaux)