Conte existentiel
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Coup de coeurTHE FUTURE

Miranda July

Miranda July, Hamish Linklater, David Warshofsky, Isabella Acres, ...

91 min.
2 novembre 2011
THE FUTURE
« Death is not the end*. »

The Future est un drôle d’ovni cinématographique. On y côtoie Sophie et Jason, deux adultes en dérive dans leurs projets personnels et professionnels. En couple depuis 4 années, ils vivotent dans un petit appartement de Los Angeles et projettent de recueillir un chat, Paw Paw, un pas symbolique pour avancer dans leurs vies engluées. Cette responsabilisation vient avec l’idée de reprendre chacun leur vie en main pour assouvir leurs rêves durant les trente prochains jours avant la libération du félin de la clinique vétérinaire qui le garde prisonnier pour soigner une blessure à la patte.

Les expériences que vont vivre ces deux êtres vont chambouler toutes leurs notions, jusqu’à celle de la donnée temporelle. Chacun révèle tour à tour lâcheté et incapacité à trouver l’équilibre dans ce qu’il attend de la vie. C’est pour cela que l’on les suit, c’est pour cela que l’on peut les perdre en route. Comme eux se sont perdus.

Pour Miranda July, à la fois interprète et réalisatrice de ce long cheminement mental et spirituel sur l’existence humaine, il s’agit d’aborder les grandes questions qui la taraudent par le biais de toutes petites choses. Alors, l’anecdotique prend une importance considérable.

C’est dans ces interstices que les questions qui animent la quête des personnages touchent un point plus profond qu’il n’y parait de prime abord. Comme si tout était entre les lignes, entre les images, entre les mots d’une matière textuelle à découvrir sous de multiples angles. Comme si rien de ce qui était dit n’était vraiment ce qui comptait, comme si tout ce qui n’était pas dit l’était pourtant d’une certaine façon, de manière invraisemblable, à demi-mots pourtant tus au cours des échanges.

La surprenante réalisatrice et scénariste dont il s’agit de la deuxième œuvre (après Moi, toi et tous les autres en 2004) explore la finesse et la profondeur de l’observation qu’elle fait des êtres et de leurs chemins. Mêlant absurdité et abstraction, surréalisme et touches exagérées traitées sur un mode solennel, elle signe une fable sur la vie, sur la mort, sur le temps qui passe, sur le cycle de l’éternel. Avec pour personnages de grands losers passifs devant leurs traversées personnelles sans oublier un inoubliable félin philosophe marqué au fer rouge par l’attente et l’espoir le saisissant à ce moment clé de son existence, imprégné d’une gravité universelle. Universellement humaine. Pour tous les curieux dont l’envie est d’être surpris, étonné, dérouté et emmené en barque, loin, très loin, des rivages habituels. (Ariane Jauniaux)

* Titre d’une chanson de Bob Dylan, 1988