Comédie
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THE DEVIL WEARS PRADA

David Frankel (USA 206 - distributeur : 20th Century Fox)

Meryl Streep, Anne Hathaway, Stanley Tucci

110 min.
25 octobre 2006
THE DEVIL WEARS PRADA

Les petites filles ont, avec Kent et Barbie, le couple mythique sur lequel fantasmer.
Les adultes, elles, ont à créer le leur. Parmi toutes les unions virtuelles possibles, il y en est une que ce film suggère implicitement : Meryl Streep et Al Pacino.

Pourquoi ces deux-là qui pourtant n’ont jamais tourné ensemble ?
Parce qu’ils ont glissé, dans les fantasmes de leurs fans, une perle ou plus exactement une braise, celle de la chaleur diabolique qui permet de les réunir.

Pacino a dans « The Devil’s advocate » de Taylor Hackford incarné une vision prodigieusement moderne d’un Lucifer avocatisé et Streep apporte tout son charme et son talent à incarner une impérieuse patronne de presse dont les ukazes non respectées donnent une idée de ce que doivent être les foudres de l’Enfer. (*)

« The devil… » est tiré d’un best seller de Lauren Weisberger, la papesse d’un nouveau genre littéraire la Chick Lit - la littérature pour poulettes, écrite par des filles pour des filles

Andy Sachs (une bien terne Anne Hathaway) obtient « The » job dont rêve toutes les jeunes new-yorkaises addicts de la Carrie Bradshaw de « Sex and the City » (**) : travailler dans un magazine qui fait la pluie et le beau temps sur la planète Mode.

Peu de choses à dire sur le film proprement dit qui laisse au vestiaire l’ambiance électrisante du roman et son humour féroce et vitriolesque pour ne garder que les commodités de la « girlie comedy » devenue très branchée depuis les aventures de Bridget Jones : transformation d’une gourde en icône de mode, voyage de luxe à Paris, goujaterie des uns, trahison des autres et finalement prise de conscience morale : la superficialité ne vaut pas la peine des efforts qu’elle exige.

Si le spectateur reste jusqu’au bout de la projection c’est à cause de deux prestations. L’une proprement époustouflante de Meryl Streep, aussi élégante que Lauren Bacall dans « Designing Woman » de Vincente Minnelli, aussi rosse que Bette Davis et outrancière que Joan Crawford. L’autre très drôle de Stanley Tucci, aussi bon acteur que réalisateur (« Big Night »)

Reste un mot encore à dire de New York, filmée avec une somptuosité convenue bien éloignée de cette autre vision contemporaine de la City saisie par Manuel Pradal dans « A crime » et qui donne de la ville une image grise, poisseuse, plus écrin de tristesse et de déprime que de falbalas et de snobisme .

C’est là un des avantages du 7ème art : offrir au spectateur un regard caméléonesque qui lui permet de balayer un espace d’un regard panoramique. C’est pourquoi après avoir vu « The devil » courrez louer
« Prêt-à-porter » d’Altman, histoire de vous réconcilier avec une idée autrement intelligente du monde de la haute couture. (m.c.a)

(*) Meryl Streep a déjà joué dans un film au titre « satanique », « She-devil » tourné en 1989 par
Susan Sadelman
(**) dont le réalisateur Frankel a réalisés quelques épisodes bien moins moralement corsetés que son « Devil.. »